De l'autre côté du pont
Padma Ventraman

Ecole des loisirs
Medium
juin 2020
192 p.  15,50 €
ebook avec DRM 11,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

La rue pour famille

Viji, dix ans, n’est pas heureuse : elle vit entourée d’un père violent et d’une mère aimante mais dominée. Le soir de son onzième anniversaire, la narratrice assiste, une fois de plus, à une scène trop fréquente…Ne le supportant plus, elle décide de fuir loin de ce père brutal, avec sa grande sœur Rukku, son « akka », une jeune fille différente mais au caractère lumineux, « car attendre c’était laisser à la peur et au doute une chance de me ralentir ». Cette fugue sera l’élément déclencheur : sa vie, son avenir, son devenir, vont être bouleversés.
En quittant leur foyer, les deux sœurs prennent rapidement conscience d’un fait : seules, sans argent, dans la rue, elles ne peuvent plus compter que sur elles-mêmes. Viji et Rukku vivent alors une véritable épopée dans les méandres de Chenai, localité longeant le golfe du Bengale en Inde. Elles se créent une nouvelle famille avec Muthu et Arul, deux garçons des rues et un petit chien. Viji se doit de relever la tête et d’avancer pour elle et pour sa sœur. Affrontant le désarroi, la désillusion et les violences, elles seront tiraillées par la faim, hantées par la peur mais, toujours, elles garderont espoir. Espoir en l’Autre, en l’Humanité.

Padma Venkatraman, dans son nouveau roman De l’autre côté du pont, nous propose de suivre le parcours extraordinaire d’une adolescente, qui décide de prendre son destin en main pour tenter de survivre… ou de vivre tout simplement. Ce roman, merveilleusement écrit, est empreint d’une certaine poésie. Il dresse le portrait d’une frange de la société indienne : les enfants délaissés, déclassés. En se glissant dans la peau d’une fille de onze ans, l’auteure nous emmène dans les méandres des bidonvilles, dédale qu’elle semble s’être approprié parfaitement. En effet, elle s’est appuyée sur d’authentiques témoignages d’enfants des rues. Sans brusquerie, elle aborde l’histoire de ces enfants abandonnés et livrés à eux-mêmes. Ce combat peut toucher le lecteur mais en aucun cas le terrasser. À travers les yeux de l’héroïne, nous plongeons au cœur de cette Inde qui est, pour beaucoup d’entre nous, complètement étrangère. Nous, jeunes lecteurs, en sommes des témoins privilégiés et assistons à cette renaissance qui ne se fera pas sans souffrance ni tourment…
Paul, 12 ans

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