Et j'irai loin, bien loin
Christophe Léon

Thierry Magnier
septembre 2017
160 p.  12,90 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Que ferais-je à leur place ?

Comme tous les étés, Ernest et ses parents partent loin de Paris, se ressourcer dans une maison de campagne du Nord de la France. Mais cette année, Ernest sent qu’il a grandi. Il n’est plus aussi enthousiaste, plus aussi enjoué qu’autrefois, lorsqu’il passait le seuil de la maison de vacances, prêt à jouer et profiter des deux mois de liberté. Pourtant, c’est lui le premier dans l’escalier ; lui qui découvre, en ouvrant la porte de sa chambre, une jeune fille et son père malade, couché dans son propre lit. Dès lors, tout s’enchaîne : la jeune fille, Arezu, se présente à eux, leur raconte l’histoire d’une longue fuite de Kaboul à Calais, leur confie leur espoir de regagner Londres. D’abord méfiants, les parents d’Ernest décident spontanément de faire soigner le père, Mehran et de les héberger quelques jours…

Au fil des jours, la fierté d’Ernest pour ses parents s’accroît. Soins médicaux, vêtements propres : l’aide et la bienveillance ont pris le pas sur la peur des premiers instants, et les deux intrus décèlent en la famille d’Ernest, une grande et belle humanité. D’autant plus que la jeune Afghane attire l’adolescent, au point de le séduire et le bouleverser. Si l’histoire reste simple, elle n’en est pas moins réaliste, et c’est ce qui donne aussi au récit toute sa force : le lecteur s’identifie aux personnages, en se posant cette question : « Que ferais-je à leur place ? ». Avec tact et lucidité, Christophe Léon s’empare d’un sujet brûlant d’actualité, mais ne se contente pas de pousser le lecteur dans ses retranchements : entre les lignes il restaure aussi, grâce à une rencontre inattendue, une émouvante complicité familiale.

 

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