Hors-pistes
Maylis de Kerangal-Tom Haugomat

Thierry Magnier
octobre 2014
40 p.  16,50 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Que la montagne est belle !

La couverture est à elle seule un puissant aimant. Les dessins de Tom Haugomat, à la fois sobres et fort évocateurs, accompagnent le texte de Maylis de Kerangal. Ou non, c’est plutôt le contraire, car voici comment ils ont procédé: Tom a travaillé librement autour du thème de la montagne. Il n’avait aucune d’histoire à illustrer, il lui fallait juste suivre son imaginaire. Et puis, Maylis s’est coulée dans les images. En les arrangeant comme elle le voulait, au gré de son inspiration. « Hors-pistes », c’est ce que Bruce, l’ami des parents de Paul, propose à son jeune ami. Ils dévalent les pistes, direction la crevasse dans laquelle Bruce, un homme décidément imprévisible et définitivement pas très raisonnable, propose à Paul de descendre en rappel. Mais la montagne est angoissante, capricieuse et, et , et…

Reprenant le thème des épreuves iniatiques chères à la littérature pour la jeunesse, Maylis de Kerangal signe un texte plein de charme et de poésie, en parfaite harmonie avec les dessins. L’album se termine sur deux pages qui nous font pénétrer dans l’atelier de Tom Haugemat. De quoi susciter des vocations.

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La montagne en soi

La voix de cette histoire est celle d’un garçon d’une dizaine d’années. On écoute son émerveillement lorsqu’il arrive avec Bruce au pied des montagnes majestueuses qui s’offrent à son regard, on entend son coeur pleins d’interrogations, on glisse avec lui sur les pentes enneigées, on fait du hors-piste, un pas de côté, immensité blanche à perte de vue, on prend de la hauteur, on regarde les oiseaux tournoyer dans le ciel si grand lui aussi…
Trois ans auparavant, Bruce avait croisé la route du garçon qui fêtait alors ses sept ans. Grand ami de son oncle, il lui avait fait la promesse qu’il reviendrait un jour pour aller chercher avec lui « la montagne en soi », un serment inquiétant et fascinant. Puis l’homme disparut.
Et les voilà aujourd’hui tous les deux en quête de la montagne.
On comprend à demi-mot que le garçon a perdu ses parents. Que Bruce, bien qu’étranger à son histoire peut lui transmettre des choses en tant qu’adulte. Il apparaît comme une sorte de guide bienveillant. Que cette escapade doit l’amener à fournir un effort, à se recueillir, à imaginer un avenir, à toucher le silence, à éclaircir ses pensées, à tracer son propre chemin, sa piste à lui. Et pour cela, il faut monter tout en haut.
Durant ce voyage, un événement imprévisible surgira, mettant à l’épreuve le garçon…
Un album émouvant et lumineux raconté avec les mots si forts et pourtant si délicats de Maylis de Kerangal, et illustré magnifiquement par Tom Haugomat. Avec deux couleurs seulement, le cyan et le magenta qu’il juxtapose, superpose, isole, jouant avec la transparence et le blanc (qui est loin d’être vide mais au contraire plein de notre propre imagination), il obtient une profondeur et une pureté malgré le minimalisme de ses dessins. D’ailleurs, à la fin de l’album l’illustrateur nous entraîne dans son atelier…
Je précise que cet album fait partie d’une collection nommée Les décadrés associant la maison d’édition Thierry Magnier à la galerie Jeanne Robillard : un illustrateur crée des illustrations sur un thème (ici la montagne) et les confient à un auteur qui invente une histoire en choisissant certaines d’entre elles.
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