critique de "Si j'étais un rêve...", dernier livre de Charlotte Bousquet - onlalu
   
 
 
 
 

Si j'étais un rêve...
Charlotte Bousquet

Flammarion
tribal
février 2015
185 p.  12 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Échange épistolaire entre deux ados

« Moi, ce qui me fout la trouille, c’est stagner. Être prisonnière d’un monde gris sans espoir de changer. Jamais. Et puis, les regards. Les regards qui t’effleurent sans te voir qui te jugent sans t’approcher qui te méprisent sans te parler. Les regards indifférents et les regards blessants, ceux que tu redoutes, ceux qui te font crever. Alors, tu te recroquevilles sur toi-même, tu te fais souris, tu t’aplatis pour que leurs yeux passent au-dessus de toi. »

Dans le cadre d’un travail scolaire, Lina et Nour, deux jeunes filles de quinze ans, vont entretenir un échange épistolaire durant l’année entière. Lina raconte sa vie à Sofia en Bulgarie, Nour fait le récit de la sienne en Seine Saint-Denis en France.
Au fur et mesure des lettres, elles se découvrent grâce notamment à une jolie idée de Lina : le jeu du portrait chinois ; « Si tu étais une pâtisserie, un péché, une naissance, une énigme, un animal mythologique, la quatre premiers vers d’un poème, un vêtement, une danse… ». Les jeunes filles se dévoilent lentement, avec sensibilité. Elles parlent de leur pays respectif, de la politique, de la société, de la place des femmes, de l’éducation, de leur quotidien, de leur famille, de leurs amours, de leur intimité, de leur amitié qui naît. Car un lien fort se tisse entre Lina et Nour. Différentes et pourtant si proches émotionnellement.
Lina est touchée par le soulèvement de la Bulgarie contre la corruption, gangrène des pays de l’est. Comme ses compatriotes elle est en colère et n’hésite pas à entrer dans la révolte, participant aux manifestations. Depuis qu’elle a fait un exposé en classe sur Louise Michel, elle est fascinée par cette femme, révolutionnaire, anarchiste et féministe. Et puis Lina dessine, avec passion.
Nour est davantage tournée vers elle. On la sent mal dans sa peau, agressée par son reflet dans le miroir et le regard des autres. Son désir est de recouvrir son corps de tatouages et de percings, le faire disparaître. Elle demeure assez mystérieuse mais Lina perçoit le malaise. Ce qu’elle aime passionnément, c’est jouer avec les mots, slammer. Elle écrit, elle rime. C’est là qu’elle parvient à sortir les choses qui lui font si mal à l’intérieur.
Un jour, Lina a l’opportunité de venir voir Nour en France. Nour se ferme, n’envoie plus de lettre. Elle ne souhaite pas la rencontrer… Que cache cette réaction ?
Un roman épistolaire pour adolescents, sensible et intelligent, parsemé de références musicales, cinématographiques et littéraires. On est loin des clichés, on est dans la vraie vie. Lina et Nour sont toutes les deux très émouvantes. Leur révolte n’est pas la même mais leur attachement est sincère. Leur identité est en construction, et qu’il est difficile de grandir…
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