Sothik
Marie Desplechin

Ecole des loisirs
medium
septembre 2016
96 p.  13 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Une enfance volée

« Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien savoir, ne rien comprendre » : tel est le slogan de l’Angkar, auquel doivent désormais allégeance les enfants, dont Sothik, le héros. C’est la devise des Khmers rouges, qui font régner la terreur dans tout le Cambodge. Nous sommes à la fin des années 70, et pour s’en sortir, un seul mot d’ordre : obéir. En effet, après plusieurs années de guerre civile, le mouvement politique et militaire a pris le pouvoir, établissant le Kampuchéa démocratique, une dictature violente et sans pitié.

Ruser pour survivre

Ce sont ces années terribles que raconte Sothik, un jeune garçon âgé d’une dizaine d’année et qui ne doit sa survie qu’à sa ruse : avec d’autres garçons, il chasse et mange des rats ou des poissons, ce qui est formellement interdit par le parti. Séparé de sa famille, les enfants s’espionnent, se dénoncent. La propagande ne les lâche pas. La religion n’existe plus, les livres sont brûlés, et tous leurs biens matériels ont été confisqués. Peu à peu, Sothik perd même l’amour qu’il avait pour son père et sa mère. Et puis, il y a les massacres : le garçon voit passer des corps sans vie, flottant dans le Mékong…

Retrouver sa vie d’avant

Le 7 janvier 1979, les chars vietnamiens entrent dans Phnom Penh, les Khmers rouges se replient. Brusquement, après quatre ans de vie communautaire, Sothik doit rejoindre sa famille, retrouver sa vie « d’avant »…

Dans cet ouvrage, il n’y a rien d’optimiste. Pas une lueur d’espoir, que des faits, bruts, racontés par un enfant au départ insouciant, et qui devient petit à petit, comme les autres, un jouet du parti. Mais ce qui donne de la valeur à cette histoire, c’est son vécu : en se confiant à Marie Desplechin, Sothik Hok livre un témoignage bouleversant, le récit d’une enfance volée par les Khmers rouges.

NB : Aujourd’hui, Sothik Hok dirige une organisation qui développe la lecture au Cambodge en créant des bibliothèques et en publiant des livres. A la fin de la guerre, il a pu aller à l’école. Il est ensuite parti étudier en Russie, puis en Normandie où il a suivi un cursus éducation et formation. Marie Desplechin l’a rencontré lors d’un séjour culturel au Cambodge.

 

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