D'entre les ogres
BAUM/DEDIEU

seuil jeunesse
album jeunesse
janvier 2017
40 p.  15 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Histoire d’une séparation

Il était une fois… un panier. Dans ce panier, une petite fille, emmitouflée. Abandonnée au milieu de la forêt enneigée, elle hurle à la mort. Rapidement, une main d’ogre s’en saisit, et rapporte à l’ogresse, dans une chaumière éloignée, le trésor dérobé. C’est ainsi que commence l’histoire de Blanche, entre les ogres ; choyée, couvée –« deux cent ans que les ogres attendaient un enfant »-, la fillette grandit dans la chaleur d’un foyer pas comme les autres, par des ogres qui l’élèvent comme si c’était leur propre enfant. Mais les questions surgissent, inévitablement : pourquoi ne peut-elle pas manger comme ses parents ? Pourquoi n’a-t-elle pas le droit de les suivre la nuit quand ils chassent ? D’où vient cette odeur dans la cave ? Ses interrogations sont vaines, les ogres n’y répondent pas, et prennent alors une terrible décision : rendre l’enfant aux siens…

De véritables questions sur la différence

Quoiqu’effrayantes au premier regard, – les ogres ont des dents pointues, des yeux globuleux, des sourcils broussailleux- les illustrations, en harmonie avec le texte, renferment des détails poignants. Dans les yeux de l’ogre, on y lit d’abord la joie, puis la tristesse, enfin la peur et la douleur. En peu de mots, cet album conte avec poésie le récit bouleversant d’une séparation, d’une déchirure. Il pose de véritables questions sur la différence, l’adoption, les liens du cœur et ceux du sang, mais aussi la place de l’enfant dans la famille et dans notre société actuelle. Le tout jeune lecteur pourra facilement s’identifier à Blanche, l’héroïne intrépide, aimée presqu’adulée par ses bienfaiteurs. Cependant, l’album devrait se lire en famille, pour éviter les craintes liées aux ogres et ainsi laisser la possibilité à l’enfant de soulever des interrogations évidentes et essentielles.

 

partagez cette critique
partage par email