Journal d'un nul débutant
Luc Blanvillain

Ecole des loisirs
neuf poche
août 2014
172 p.  9,50 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

L’heure de la révolte a sonné !

Devenir nul, en voilà une idée… Nils, 11 ans, entre en sixième demain, et a délibérément décidé de se transformer en cancre. Elève modèle depuis l’enfance, formaté par ses parents, il doit sans cesse apprendre, rester concentré, obtenir les meilleures notes dans toutes les matières, bref, e-x-c-e-l-l-e-r. Un petit surdoué, un précoce, un génie, toujours au premier rang. « Enfant, quand je me faisais mal, plutôt que de pleurer, je devais fournir trois synonymes du mot « douleur ». J’ai vite cessé de me plaindre », raconte-t-il, non sans humour, dans son journal intime. L’heure de la révolte a donc sonné ; Nils n’en peut plus, Nils ne respire plus. Il veut juste s’inscrire au club de foot, regarder des films le soir et jouer aux jeux vidéos. Comme tout le monde. L’enfant prodige rêve de vivre, tout simplement. Face à cette redoutable pression familiale, il élabore en secret un plan diabolique : devenir nul. Mais pas n’importe quel nul : un excellent nul, la nullité incarnée. Mais pour que ce soit totalement crédible, il faut y parvenir en douceur, par étapes…

Et dès les premiers jours, ses notes baissent, comme prévu. Il joue le frustré, le perturbé. Etre nul est un travail à temps plein, qui occupe toutes ses pensée. Très vite affolés, ses parents l’emmènent chez le psychologue ; pour la plus grande joie de l’adolescent, ils commencent enfin à lâcher du lest. Tout marche alors comme sur des roulettes ; tout est dans le dosage de la nullité, et Nils y excelle encore à merveille. De parfait, il passe à rebelle, et voit le bouleversement familial comme un formidable événement. Sa mère s’arrache les cheveux, son père est complètement perdu. Mais si Nils avait bien pensé à tout, tout prévu, tout planifié, il avait omis une chose, et pas des moindres : l’amour. Il tombe raide dingue amoureux, et les ennuis commencent. Pas facile d’être un nul…

On ne vous cache rien : on se régale de ce roman, mélange sensible d’autodérision et de réflexion. Luc Blanvillain brosse le portrait d’un jeune garçon subtil et intelligent, qui rêve de se fondre dans la masse. Un héros au cœur gros, sidérant, surprenant auquel on s’attache dès les premières lignes. Tout le talent de Luc Blanvillain est de nous faire sourire (que dis-je, rire !), tout en abordant le délicat sujet de la pression familiale, ce poids parental et sociétal parfois énorme, que l’on pose inconsciemment sur les épaules d’un enfant précoce. Avec ce ton décalé qu’on adore, il parle aussi du quotidien scolaire, des conflits et des jalousies entre élèves. Et se permet, en prime, de donner une belle leçon aux parents : le lâcher prise. Voilà qui ravira les adolescents… !

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Quand un bon élève devient cancre…

Demain, Nils fait sa rentrée au collège, en sixième. Loin d’être tendu, le jeune garçon a au contraire hâte d’y être, car cette année les choses vont changer. Il a en effet pris une grande décision : il va devenir nul. Et il se rend bien compte de la difficulté. Parce que Nils est un très bon élève, premier de la classe, sérieux, attentif, concentré, réfléchi, posé. Ses parents (l’un est bibliothécaire et l’autre ingénieur) soucieux de son éducation ont toujours été présents, répondant à toutes ses questions et à toutes celles auxquelles il ne pensait pas…
Aujourd’hui, il se sent oppressé, prisonnier de ses bonnes notes. Il envie terriblement sa grande soeur Héloïse qui elle, redouble sa troisième. Et puis, il aimerait regarder la télé les soirs, se coucher tard, jouer aux jeux vidéo, au foot. Bref se sentir libre et surtout comme les autres. Car les autres évidemment sont différents de lui et Nils en a assez de cette situation. Il en a marre d’être regardé comme une bête de foire par certains, d’être ignoré par d’autres, ou d’être chambré. Alors il s’est dit qu’en devenant un cancre, on ferait plus attention à lui, on le regarderait autrement, il aurait des copains, on serait sympa avec lui.
Devenir un nul n’étant pas une chose aisée, il entreprend d’écrire un journal, histoire de mettre sur papier sa stratégie, noter sa progression et les complications qui risquent d’intervenir. Et les complications, il va y en avoir… car Nils n’avait pas prévu de tomber amoureux de Mona, d’avoir pour meilleur ami un authentique nul, de se retrouver dans la classe d’Ange plus connu sous le nom de Face-de-Rapace un petit génie arrogant et prétention, d’être détesté par un prof et de participer à un concours de mathématique…
Un roman très drôle, une écriture alerte, des personnages attachants, des moments tendres et en filigrane un message important en direction des parents : lâchez la bride, arrêtez de mettre la pression sur vos enfants, de faire peser vos propres angoisses sur eux et d’exiger la performance à tout prix. Laissez-les respirer !
Retrouvez Nadael sur son blog 

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