Les trois pommes
Maria Keil

Chandeigne
serie illustree
septembre 2018
39 p.  12,90 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Je t’aime moi non plus

Un petit garçon possède trois pommes : pourquoi ne pas les donner et ainsi se faire des amis ? Mais les amis affluent ! La générosité première révèle alors la maladresse du héros de l’histoire, qui n’a d’autre choix que de retirer les pommes aux premiers enfants rencontrés, pour les redonner à d’autres… et ainsi déclencher les larmes des filles ou des garçons pensant, à tort, posséder une pomme. Un conflit se déclenche au sein du groupe, engendrant une colère mêlée de chagrin chez le petit garçon. Face à son attitude, une solution simple sera trouvée grâce à l’idée ingénieuse de l’un des amis…

Publié pour la première fois en 1988, « Les Trois Pommes est l’un des ouvrages les plus connus de l’auteure portugaise Maria Keil . Elle y aborde, avec précision, les thèmes de la possession, du partage et de la solitude enfantine. Comment se comporter en société ? Faut-il nécessairement fournir la preuve de son affection pour l’autre ? Observatrice hors pair, Maria Keil témoigne des jeux des enfants entre eux, sensibles, tendres, mais aussi parfois imprévus et cruels. L’auteure n’individualise pas ses héros de papier ; au contraire, c’est en les rendant anonymes mais doués de parole – ses bulles ressemblent d’ailleurs à des phylactères de bande dessinée- qu’elle donne une récit une portée universelle : qu’importe le garçon ou la fille, qu’importe le pays, la région ou le langage, qu’importe encore l’année ou l’époque ; les interrogations du lecteur restent sensiblement les mêmes.

En utilisant la technique du collage, Maria Keil confère à l’album une dimension ludique : l’enfant peut, à loisir, photocopier et découper les membres et parties du corps – interchangeables – des personnages, pour reformuler, réécrire l’histoire, ou créer à son tour, un nouveau conte à propos du partage des pommes, ou d’un autre fruit. Les pommes photographiées puis collées sur le papier, de manière à matérialiser le partage et à la rendre plus ludique, symbolisent peut-être un cadeau, ce qui rapprocherait cet ouvrage d’un autre publié en 1979, intitulé « Os presentes » (« Les cadeaux »), qui narre l’histoire d’un garçon désirant se faire une amie. Reste la surprise, à la fin de l’album : une reproduction miniature de l’édition portugaise, en hommage à l’auteure.

 

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