Mercredi c'est Papi !
Emmanuel Bourdier, Laurent Simon

Flammarion
grands formats
avril 2018
98 p.  11 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Quand Papi s’allume !

Pour Simon, passer le mercredi après-midi chez ses grands-parents n’a rien d’une fête : il s’ennuie, lit Bécassine à l’envers, souffle pour réveiller sa grand-mère… Pour tuer le temps, il va voir son grand-père dans le jardin, qui est « aux fraises », c’est à dire, selon le petit garçon, dans son monde, où la mémoire flanche, les souvenirs s’envolent. Car le papi de Simon « perd un peu la boule ». Avec l’aide d’un adulte, le jeune lecteur comprendra que le grand-père est atteint de la maladie d’Alzheimer.

Pourtant, contre toute attente, le papi de Simon commence à devenir intéressant, à mesure qu’il s’invente un passé passionnant : détective, pirate, roi… Tous les moyens sont bons pour imaginer un nouveau métier. Et son malicieux petit-fils comprend vite le lien entre le discours de son grand-père et les objets qu’il lui montre. Alors, peu à peu, il attend le milieu de semaine avec impatience, trouvant chaque fois un nouvel objet pour faire jaillir une nouvelle histoire. À la question : « Papi, c’était quoi ton métier avant ? », ce dernier répond par une fascinante fiction. Et à l’école, évidemment, Simon partage son incroyable quotidien avec ses copains, qui désirent, eux aussi, apporter un objet et faire « s’allumer » papi. C’est aussi un mercredi que Simon constate la disparition du fabuleux conteur. La réalité, brutale, prend alors le pas sur le jeu et la féérie, ce qui déroute le garçon. Il lui faudra alors s’armer de courage et de détermination pour faire subsister l’étincelle de l’imagination…

Dans ce court roman destiné aux tout jeunes lecteurs, la maladie n’est en rien un handicap : elle contribue au contraire à élever le grand-père, le rendant encore plus extraordinaire aux yeux de son petit garçon, et permet de faire perdurer le lien entre deux générations. Emmanuel Bourdier s’empare d’un sujet grave, d’actualité, mais parvient avec dérision à éloigner le pathos et la pitié. C’est ainsi que le chagrin, même s’il est tout à fait présent, ne dure pas. Le vocabulaire simple, les changements de police, les illustrations déroutantes et originales confèrent à ce récit une véritable force.

 

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