Lettres à mon cher petit frère qui n'est pas encore né
Frédéric Kessler

Grasset Jeunesse
jeunesse
février 2015
32 p.  13,90 €
 
 
 
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coup de coeur

Un bijou d’album

« Monsieur mon frère,
Il me tarde de sortir, mais ce que vous me dites là m’inquiète un peu…
Je prévois de naître dans une petite semaine et puisque je n’ai rien à me mettre, il est probable que je viendrai au monde tout nu. Pourriez-vous me dire ce qu’annonce la météo pour le jour de ma naissance ?
Dans l’attente de votre réponse,
Le petit frère frileux.

Petit monsieur tout nu,
À la maison, on ne parle plus que de vous, alors que vous n’êtes même pas encore né, ça promet…
Rassurez-vous, tout est prêt pour vous accueillir : une chambre, rien que pour vous ! Un berceau, rien que pour vous ! Une table à langer, rien que pour vous ! Une armoire remplies d’habits, rien que pour vous ! Et tout le monde qui n’attend plus que vous, sauf moi !
Surtout, prenez votre temps pour sortir, rien ne presse.
Votre grand frère habillé de la tête aux pieds. »

Mes chers petits messieurs, sachez que votre correspondance a fait chavirer mon coeur de maman. Votre vouvoiement un brin austère donnait tout de suite le ton ; l’agacement du grand frère qui sentait bien qu’on allait lui prendre sa place et l’angoisse du tout-petit – pas encore né – face à l’inconnu. Des craintes tellement normales, si compréhensibles et si touchantes.
Et puis, doucement, délicatement, le lien s’est tissé, la communication s’est améliorée. Car vous vous êtes rassurez l’un l’autre. Vous allez tant vous apporter, ensemble. Vous verrez, à deux on est plus fort. Vos mots se sont adoucis, les points d’interrogation ont remplacé les exclamations, le tutoiement s’est installé avec pudeur, les questions ont trouvé des réponses, vous osiez désormais ajouter des post-scriptum par connivence sans doute, j’ai su enfin vos prénoms… Thomas et Antoine. Et un halo de douceur vous a enveloppé tout entier. La confiance était née entre vous. Vous étiez désormais impatients de vous découvrir.
Comme tu sembles heureux Thomas de tenir ton petit frère Antoine dans tes bras. Que tu a l’air apaisé Antoine entre les mains de ton grand frère.
Cher auteur, vous avez su trouvé les mots justes pour évoquer les angoisses et les appréhensions des ainés. Votre texte chemine avec sensibilité de la désinvolture à l’attachement, de la drôlerie à l’émotion, de la raillerie à l’admiration, de l’animosité à l’amour.
Cher illustrateur, l’épure de vos dessins est en parfaite osmose avec les mots.Vous avez fait évoluer les deux frères dans deux mondes distincts, de l’obscurité à la lumière, de l’ignorance à la vérité avec poésie et tendresse.
Cet album est un bijou.
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