Ma vie d'homme
Philip Roth

Gallimard
folio
février 1982
471 p.  9,10 €
 
 
 
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« Le manuscrit était le message, et le message était Tumulte. »

C’est l’histoire d’un type qui n’en revient pas de son mariage ultra traumatisant. Il ne peut pas le dépasser, il n’en sort pas, il ne comprend pas ce qui lui est arrivé et il tente, par tous les moyens, de le transcrire pour le sortir de son système, en vain. Il commence par en faire deux textes de fiction, dans lesquels son personnage s’appelle Nathan Zuckerman, deux textes au ton différent et où les détails (famille, liens) sont également dissemblables. Puis il se collette au récit « vrai », en tant que Peter Tarnopol, jeune auteur d’un premier succès littéraire « Un père juif » et très mal marié à une vraie cinglée dont il ne parvient absolument pas à desserrer l’emprise. Au travers de lettres échangées avec sa soeur (et d’échanges imaginaires avec sa jeune maîtresse et feue son épouse) ainsi que du récit de sa psychanalyse avec un psy, disons …, particulier, il tente de donner un sens sinon une explication à ce qui lui est arrivé, le tout dans une chronologie non linéaire. Ca a l’air compliqué tel que je l’énonce alors qu’en réalité c’est limpide, et brillant. C’est un roman très dense qui ne se termine pas après son point final dans l’esprit du lecteur, en tout cas moi je continue à tourner et retourner ce que j’ai lu dans tous les sens car je ne parviens pas à me fixer sur une explication : pourquoi, vraiment, s’est-il laissé faire ainsi ? Le psy n’est pas totalement dans l’erreur, ce Tarnopol EST narcissique et plus d’une fois son récit laisse apparaître des ellipses – on apprend plus tard, ailleurs, incidemment, des choses qu’il s’était bien gardé de nous dire – mais même en prenant tout en compte ça reste mystérieux. La plume est magnifique et l’humour est très présent, je tiens « Ma vie d’homme » pour l’un des GRANDS romans de Philip Roth.

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