Academy Street
Mary Costello

traduit de l'anglais par Madeleine Nasalik
Points

188 p.  6,50 €
ebook avec DRM 5,99 €
 
 
 
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coup de coeur

Le charme discret de « Academy street »

Comme une personne qui n’aurait rien d’exceptionnel, mais un charme irrésistible, et même inexplicable, un roman peut vous envoûter dès les premières lignes et bien malin qui pourrait en décrypter les raisons. Il y a une romancière pour laquelle j’ai énormément d’admiration, Susan Minot et « La vie secrète de Lilian Eliot » ainsi que « Crépuscule » figurent tout en haut de ma liste de romans préférés. Et voilà qu’en commençant « Academy street », j’ai l’impression de rencontrer une sœur, ou du moins une cousine de Susan Minot. La même mélancolie, la même manière de suggérer plus que de raconter, la même force d’attraction, et le même talent pour vous emporter dans d’autres existences que la vôtre, pour vous faire vibrer aux bonheurs et aux malheurs non seulement de personnes que vous ne connaissez pas, mais de personnes qui n’existent pas !

A la différence de Susan Minot qui est américaine, Mary Costello, dont c’est le premier roman, est irlandaise. Pourtant, l’essentiel de son histoire se déroule à New York, de 1962 à aujourd’hui. Les premières pages sont très fortes. On pénètre sans attendre dans le drame familial que vit la famille Lohan : il y a des voix dans le vestibule, des va-et-vient, du monde, trop de monde, et un cercueil, dans lequel se trouve une femme, morte de la tuberculose. Tess, l’une de ses filles, a sept ans, et toute son existence sera marquée par ce premier drame. Dorénavant, une tristesse étouffante règnera sur le domaine d’Easterfield. Devenue adulte, Tess n’aura qu’une envie, fuir ce mausolée. Elle a l’impression qu’il faut au moins un océan pour éloigner la mort. Ce sera New York où Claire, sa sœur aînée et adorée a émigré et vit avec son mari et ses enfants. Pourtant, le malheur lui colle à la peau, la solitude est son quotidien, elle n’arrive pas à se lier -à l’exception de son amitié avec sa volubile voisine Willa qui ne lui laisse pas le choix – ne parvient pas à être heureuse, et seul le fils qu’elle va avoir par accident, la comble. Le récit se dessine dans des demi-teintes. Cela pourrait être lassant, ennuyeux, terne, c’est enthousiasmant et poignant. On pourrait s’emporter contre cette héroïne qui n’a vraiment rien d’héroïque, mais au contraire on rêve de la réconforter. La sobriété et l’ellipse sont de belles qualités littéraires. Mary Costello les manie avec virtuosité.

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 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Un roman bouleversant

Ce roman est magnifique, une bulle de nostalgie hors du temps. Il m’a beaucoup émue, on suit le destin de Tess, petit fille irlandaise, qui perd sa mère à 7 ans, elle a 3 sœurs et 2 frères et elle se retrouve perdue sans sa mère. Son père se renferme et elle devient de plus en plus mélancolique. Elle est très sensible à sa famille, à sa maison, aux signes et à une multitude de détails. Elle se crée son monde intérieur. On suit l’évolution de cette petite fille, en jeune femme, son choix de devenir infirmière comme sa mère. Son émigration pour l’Amérique, son espoir de trouver sa place, de vivre pleinement. Mais son destin ne va pas se dérouler comme prévue.

J’ai aimé le travail d’orfèvre de l’auteur, ses descriptions au millimètre, les atmosphères, les pensées, angoisses, folies, espoirs du personnage. Ce personnage atypique qui n’ose pas réellement mais qui trace son chemin, avance malgré les obstacles. Elle peut compter sur sa fidèle voisine Willa, sur sa sœur Claire. Sa passion pour la lecture et les sensations qu’elle procure, son altruisme et son empathie pour les autres la rendent attachante. Elle est comme témoin de sa propre vie et a toujours peur de prendre la mauvaise décision, elle n’a pas un destin extraordinaire mais elle est profondément humaine et faillible. L’auteur nous permet de voir aussi l’importance de la famille, l’émigration en Amérique, de la religion. Elle nous donne à voir une Amérique pleine de promesses mais aussi de douleurs avec l’évocation de l’assassinat de Kennedy, du 11 septembre qui sont présents dans le récit.

La beauté des paysages irlandais, la grandeur de l’Amérique, les émois de Tess pour son grand amour David, son amour maternel nous plongent et captivent dans cette histoire. Je me suis laissée embarquer comme une confidente de Tess, j’ai espéré et souffert avec elle comme dans une mise en abîme quand elle aussi ressent la même chose grâce à la lecture de romans. Un véritable petit bijou qui touche avec des mots simples, un destin fragile et très humain qui questionne sur les choix, la famille, le poids du passé et la fatalité.

Alors ouvrez ce livre mélancolique et majestueux et cheminez au côté de la belle et sympathique Tess. Écoutez-la vous murmurer son histoire dans Academy Street

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