Best love Rosie
O'FAOLAIN NUALA

traduit de l'anglais par Judith Roze
Le livre de poche
litterature
février 2020
528 p.  8,70 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

Les déboires de Rosie

Avec « On s’est déjà vu quelque part », paru en 2002, Nuala O’Faolain donnait le ton de ce que sera son œuvre : une réflexion sur l’existence, sur les femmes, et plus précisément sur les femmes en Irlande, ce qui est encore une autre paire de manches. Elle y évoquait l’alcoolisme, ses amours, son mal-être, et ses sentiments équivoques vis-à-vis de son pays, mais tout cela avec une espèce d’énergie communicative qui vous donnait presque envie d’aller boire quelques pintes du côté de Dublin. Avec ce nouveau livre, qu’elle a terminé juste avant de tomber malade, « Best love of Rosie », nous retrouvons tout ce qui nous plaît chez elle : ce mélange de spontanéité et de réflexion, ce côté un peu brouillon qui peut désarçonner mais contribue aussi à son charme. Après trois récits autobiographiques et un roman, Nuala O’Faolain propose « Best love Rosie », un joli compromis entre les deux genres. Rosie a la cinquantaine bien entamée. Elle a beaucoup voyagé, beaucoup aimé, beaucoup pleuré, et la voici de retour chez elle, à Dublin, séparée de son dernier amant. Aujourd’hui, lorsqu’elle rentre dans un café, plus aucun homme ne la regarde. Est-il temps de renoncer à tout ce qu’elle a aimé et surtout au sexe qui a tant compté dans sa vie ? Doit-elle se contenter de jouer les garde-malades de Min, la tante qui l’a élevée et a tout sacrifié pour elle ? Pour se distraire et gagner de l’argent, Rosie a l’idée d’écrire un livre de pensées positives à l’usage des personnes de cinquante ans et plus. Un éditeur américain serait d’accord de la publier. Mais comme un soufflé qui retombe, ses pensées positives se transforment vite en amères constations sur la « mid life crisis » et deviennent donc invendable aux Etats-Unis ! Rosie va toutefois se trouver une autre mission. Retaper une vieille maison familiale, avec vue imprenable sur la mer qui se trouve à quelques dizaines de kilomètres de Dublin, sur une presqu’île désaffectée. Une demeure délabrée, une chienne errante qui ne demande qu’à plus l’être, et voici que Rosie décide de s’installer ici. Le temps d’aller au bout de ses réflexions et de sa dépression, puis de remonter peu à peu la pente au fur et à mesure que la maison elle aussi deviendra habitable. Derrière ce personnage extraordinairement attachant, derrière cette Rosie au grand cœur et à la franchise parfois brutale, on retrouve Nuala qui, lorsqu’elle donnait des interviews, se livrait totalement, sans souci de préserver son image ou de donner d’elle une vision ripolinée. A travers chaque mot, on entend la voix de cette romancière qui aura tout juste eu le temps de profiter de cette nouvelle vie d’écrivain et de sa célébrité grandissante.

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