Calico Joe
John GRISHAM

Traduit par Abel Gerschenfeld
Pocket
novembre 2013
224 p.  6,95 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Pour les fans…de baseball !

En une dizaine d’années, John Grisham a su faire mentir les clichés qui collaient jusque là à son nom. L’auteur de best-sellers efficaces, adaptés avec succès au cinéma et à la télé, s’est bientôt doublé d’un conteur sensible avec « La dernière récolte » (2002), « Le dernier juré » (2005) ou « Le dernier match » (2006), généreuses tranches de vie traitant de solidarité, de justice ou de racisme dans l’Amérique profonde. Dans la même veine, le Grisham humaniste a encore signé « L’Accusé » (2007), histoire vraie d’une erreur judiciaire où il plaide pour une réforme de la justice US.

Cet ancien avocat a réussi en littérature grâce à son expérience. Ancien élu démocrate du Mississippi, il a aussi des convictions très personnelles à exprimer. Aujourd’hui, après sa dernière rafale de thrillers judiciaires, il nous offre  « Calico Joe », son 28e roman en vingt un ans de carrière, une fable sur le pardon et la rédemption qu’il a située dans les coulisses… du base-ball professionnel. Le journal « USA Today » y a vu « une lecture agréable et qui réchauffe le coeur ».

Le lecteur français, lui, aura besoin de souffle pour déchiffrer cette discipline sportive qui n’est ni pratiquée, ni diffusée chez nous. Le romancier s’est pourtant efforcé d’en expliquer les règles et les coups tordus dans une préface didactique au possible, relevée d’un soupçon d’humour. Mais même initié, pour faire connaissance avec le fameux Joe Castle, légende de Calico Rock, il faut déjà digérer un compte-rendu de match et deux retours en arrière. Et à ce stade, on se sent prêt à déclarer forfait. Au tiers environ du récit, enfin, Grisham trouve le rythme et laisse entrevoir son vrai sujet.

Le fameux Joe, joueur de génie retiré du circuit à l’aube de la gloire, n’est qu’un trait d’union entre le narrateur Paul et son père, autre ancien pro, monument d’égoïsme qui a tout sacrifié à sa carrière sportive. Cette relation fils-père pourrie par l’abandon et nourrie de haine, l’auteur va la décrypter par petites touches, au fil des rencontres et des souvenirs de Paul. Transposée dans un autre milieu, n’importe lequel, la quête de vérité du fils meurtri aurait pu atteindre une portée universelle. Ici, touchante par éclairs seulement, elle s’enlise dans une dénonciation des moeurs du base-ball qui passionnera juste les fans les plus mordus. Grisham a beau être un champion, il lui arrive parfois de perdre un match.

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