La nasse de la psychogénéalogie: famille, outil de la violence. Au commencement, l’arbre généalogique est toujours illisible ; les êtres ne s’imposent que dans un récit, seul le Roman nous rendra à notre fiction première. On y retrouve ces grands mouvements de houle, ces grands flots de foule, imbibés aux croisements de l’histoire, ici c’est mai 68. Dont les meneurs ont gagné l’establishment, laissant les familles à leurs combats et leurs déchirures du quotidien. Regrets de tous ceux qui sont arrivés trop tard, et n’ont pu qu’observer les dégâts de la lignée. Beauté des perdants ? Elle est toujours à venir ; on voudrait sortir de la lignée des corps – cet imaginaire – pour gagner une strate du réel, et la famille nous en empêche. C’est l’espace de l’enfant, et de l’adolescence, qui fait notre réel, et famille (en amont comme en aval) nous en empêche. Agréablement, toutefois. « La distance entre mon corps (et moi-même) s’étant tant accrue, que je ne comprenais plus un seul des petits signes cabalistiques inscrits par le professeur de mathématiques ». Pas paresseux : inapte à la vie. Et le film (où l’on va briller), soit tout le monde y croit, soit, personnellement, on n’y croit plus. Aujourd’hui les djihadistes, hier Action Directe, dans les tours ou les terrasses, terrassent ces bobos devenus, qui ne cherchent plus au-delà des corps. Lui se dit de la bonne bourgeoisie travailleuse, sans « bulle ». Et l’écriture, en refuge, en film, en espoir de toucher et dire le réel, en grand-messe, en Révolution. Chaque homme a trois journaux intimes, celui, « secondaire » (au sens des tests de personnalité des années 70) de l’extase au réel, celui de l’action des corps (toujours contrariée), celui de la sensation (et donc de la solitude et de la peur). Tout homme a ses trois niveaux autobiographiques, affirme-t-il. Inégaux. Roman des corps, celui de la famille, rive droite à Paris, désillusion de la communauté ; et est-ce que ça peut faire un livre ?
