Enfant terrible
John NIVEN

traduit de l'anglais par Nathalie Peronny
10 X 18

431 p.  8,40 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Riez, ça vous fera du bien !

Accro au sexe, porté sur l’alcool, ne refusant pas un petit rail de cocaïne à l’occasion, Kennedy Marr coule des jours heureux à Hollywood. La quarantaine fébrile, il est devenu LE « script doctor » de la cité du cinéma. Pas un producteur ou un réalisateur qui ne se l’arrache pour qu’il remette d’aplomb les scénarios bancals ou « apporte la touche finale qui fera caracoler le moindre film au sommet. » Kennedy Marr est une star.

Mais voilà, à force de « claquer son argent en belles bagnoles, en costards de marque et en bouteilles de champagne », il doit honorer une amende fiscale colossale : 1 million de dollars et une montagne de dettes. Non qu’il soit particulièrement réfractaire au « concept de redistribution des richesses » ou souffre de quelconque phobie administrative, non il préfère juste son train de vie pharaonique au reste. Or, le salut vient parfois de là où on ne l’attend pas.

En effet le prestigieux prix F.W. Bingham lui est décerné : un demi million de livres sterling non imposable directement dans la poche. Seul hic, l’heureux récipiendaire devra assumer une année universitaire dans l’établissement anglais, dispenser des cours magistraux, corriger les copies des étudiants, encadrer les travaux dirigés…. Bref le cauchemar à l’état pur pour Kennedy.

Car avant cette existence californienne, Marr fut, dans une vie antérieure, irlandaise celle-ci, l’auteur prodige de sa génération : le plus jeune finaliste du Booker Prize. Une pointure ! Et il a laissé sur les terres de sa jeunesse, sa fille, Robin, 16 ans, qu’il ne voit plus, sa mère mourante dont il laisse à son frère Patrick le soin de s’occuper et une ex-femme, Millie, qui enseigne la littérature médiévale dans l’université, à l’origine de la distinction Bingham. Kennedy est coincé. En dépit de toutes ses résistances et réticences, il ne peut décliner la récompense et doit s’embarquer. Survivra-t-il maintenant qu’il est face à ses responsabilités? Là est la question.

John Niven met en scène un quadra gâté, une sorte d’affreux jojo que rattrape incidemment la crise de milieu de vie. Pourtant, il se garde de faire de cet « enfant terrible » une caricature voire un individu imbuvable. Son héros certes est inconséquent, immature, très agaçant mais paradoxalement extrêmement attachant. Ses pérégrinations dans le petit monde frelaté d’Hollywood que l’auteur griffe au passage, le lecteur les suit avec délice. Car la plume piquante et pleine d’humour de Niven fait merveille. Les situations désopilantes abondent. Et si l’auteur « appelle un chat un chat », il n’est jamais vulgaire et sait trousser des scènes hilarantes. Impossible de résister. Une mention spéciale pour la traductrice, Nathalie Peronny qui fait chanter la prose de John Niven.

Si rire au moins trente minutes par jour est un gage de bonne santé, alors plongez sans hésiter dans « Enfant terrible » vous serez dans une forme olympique.

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