Changer l'eau des fleurs
Valérie Perrin

Livre de poche
février 2018
578 p.  8,90 €
 
 
 
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coup de coeur

Vider l’eau des pleurs ?

Deuxième roman après « Les oubliés du dimanche » que je n’ai pas lu, primé comme le premier, « Changer l’eau des fleurs » est un roman d’amour fort bien raconté par une femme, avec ce que ça suppose de sensibilité et de sensualité spécifiques.
Mais c’est surtout le récit d’une vie aussi difficile qu’apparemment ordinaire, avec son lot de deuils, de trahisons, de cadavres dans les placards familiaux, de détresses et de résilience.
V.Perrin nous fait entrer dans l’intimité de Violette, une orpheline de l’Assistance mariée trop vite à un dragueur impénitent, tour à tour garde-barrière puis gardienne de cimetière. Elle fouille les interactions entre son parcours et celui des quelques humains qui gravitent autour d’elle, croise les destinées et ménage même un petit suspense, l’air de rien.
Violette, trop tendre et gorgée d’amour vibrant, sentinelle hypersensible des trains puis des morts, des vivants qui vont avec, de ceux qui partagent son amitié magnifique, du mort-vivant qui l’accompagne trop longtemps, Violette apprend beaucoup au fil de ses rencontres et nous en fait profiter. Généreusement.

Captivant, poignant parfois, stylé et bien construit, le roman se délaye un peu trop selon moi sur la fin. Peut-être. De toute façon on pardonne sans barguigner, tant le livre est pétri d’humanité, de poésie, de « mélancolie positive ». Un bon gros moment de lecture !

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coup de coeur

Attention, ne vous fiez pas aux apparences, c’est un peu le thème de ce roman qui contrairement à sa couverture et à son titre n’a rien d’une romance ou d’un livre feel-good.

Non détrompez-vous, il s’agit d’un superbe roman qui donne de vraies émotions, qui nous parle de la vraie vie qui n’est hélas pas toujours rose.

C’est l’histoire de Violette Toussaint, ex garde-barrière qui devient garde-cimetière comme si elle devait absolument veiller sur quelque chose, être attentive aux autres.

Il faut dire que Violette née Trenet a eu une enfance fracassée, abandonnée à la naissance par sa mère, enfant de l’assistance, elle croit rencontrer enfin le bonheur lorsqu’elle croise le séduisant Philippe Toussaint, celui que beaucoup convoite.

Enceinte, elle l’épouse à l’aube de ses dix-huit ans rêvant d’amour et d’une famille. On ne peut pas dire que ce soit réciproque du côté des parents de Philippe. Ils n’ont jamais accepté sa présence.

Violette a un sacré tempérament, une force incroyable pour protéger sa famille, lui donner ce dont elle a manqué malgré le fait que son mari aime les femmes et sa moto.

C’est le 15 août 1997 qu’ils s’installent au cimetière de Brancion en Chalon, leur dernière garde-barrière ayant été automatisée.

Beaucoup de monde passe dans la petite cuisine de Brancion ; Nono, Gaston, Elvis, et, Pierre, Paul, Jacques les fossoyeurs, mais aussi les vivants à la rencontre de leurs défunts.

Un jour elle rencontrera Paul Seul qui lui racontera l’histoire d’Irène Fayolles sa mère et celle de Gaston Prudent. Avant cela, il y avait Sasha qui comme Violette cerne les gens avec beaucoup d’écoute et d’empathie.

Ce récit alterne passé et présent, mêle plusieurs histoires par le biais de courts chapitres résumés à chaque fois par une épitaphe poétique.

C’est un pavé de 546 pages que l’on ne voit pas passer, captivé par le récit. L’écriture est fluide, rythmée. La plume est sensible, intimiste, poétique, très belle.

On ne tombe jamais dans le pathos ou la morbidité, au contraire c’est lumineux.

Valérie Perrin nous parle de drames, de violences affectives avec finesse et émotions. C’est un roman d’espoir, d’humanité qui procure de belles émotions.

Une très belle lecture, un très beau coup de coeur.

Ma note : ♥♥♥♥♥

Les jolies phrases

L’oeuvre de Dieu, la part du Diable.

J’adore rire de la mort, me moquer d’elle. C’est ma façon de l’écraser. Comme ça, elle fait moins son importante. En me jouant d’elle, je laisse la vie prendre le dessus, prendre le pouvoir.

Le manque, la douleur, l’insupportable peuvent faire ressentir des choses qui dépassent l’imaginaire. Quand quelqu’un est parti, il est parti. Sauf dans l’esprit de ceux qui restent. Et l’esprit d’un seul homme est bien plus grand que l’univers.

Pourquoi va t-on vers des livres comme on va vers des gens ?

Monsieur Seul, s’il y a une clé sur la porte de nos armoires, c’est pour que personne ne les ouvre.

Violette, pourquoi ne pas refaire votre vie ? Parce qu’une vie ne se refait jamais. Prenez une feuille de papier et déchirez la, vous aurez beau recoller chaque morceau, il restera toujours les déchirures, les pliures et le Scotch.

Mais un brin d’herbe peut pousser n’importe où, et j’étais faite de ce n’importe où. Oui, une racine peut prendre vie dans du goudron. Il suffit d’une micro-fissure pour que la vie pénètre à l’intérieur de l’impossible. Un peu de pluie, de soleil et des souches venues d’on ne sait où, du vent peut-être apparaissent.

La vie, c’est comme une course de relais, Violette, tu la passes à quelqu’un qui la prend et qui la redonne à quelqu’un d’autre.

J’ai pensé que nous étions deux rescapés qui tenaient encore debout. Deux naufragés qu’un océan de malheurs n’était pas parvenu à noyer totalement.

Pourquoi n’avez-vous pas eu d’autres enfants ? Parce que je n’étais plus mère, juste orpheline. Parce que je n’avais pas le père qui allait avec mes autres enfants…Et puis, c’est difficile pour des enfants d’être « les autres », « ceux d’après ».

Retrouvez Nathalie sur son blog 

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