Husbands
Rebecca Lighieri

Folio
avril 2013
448 p.  8,40 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Paroles de cocus

Trois hommes un peu égarés dans leur vie conjugale entrent en contact sur un forum et deviennent instantanément intimes. Farouk, Laurent et Reynald ne se ressemblent pourtant pas. Reynald est un vieux beau qui aborde péniblement la cinquantaine et vit des royalties que lui rapporte sa femme Lauriane, une bimbo beaucoup plus jeune que lui dont il manage la carrière de chanteuse. Mais, après l’avoir adulé, Lauriane est aujourd’hui amoureuse d’un autre. Reynald l’emmène à Cassis en espérant que sous le soleil elle oubliera l’importun. Laurent a grandi dans les quartiers nord de Marseille. Grâce à sa tchatche, il a été le meilleur agent immobilier du sud-est, ce qui lui a beaucoup rapporté. Mais Laurent a perdu son travail et ne sait comment l’avouer à Delphine, sa bourge d’épouse qu’il commence à détester. Farouk vit également à Marseille. Fou amoureux de sa femme Chloé, il est désespéré parce qu’il pense qu’elle le trompe. Tous trois se rencontrent grâce à un site internet un peu particulier, où des hommes rêvent d’offrir leur femme à d’autres, d’assister à leurs ébats, et certains passent à l’acte.

Farouk, Laurent et Reynald se mettent à échanger des messages en mode privé, trouvent un inespéré réconfort dans leurs conversations et décident de se rencontrer dans un bar de nuit à Marseille. Ce qu’ils font, et une franche amitié virile s’installe entre eux dès ce premier soir.

L’histoire aurait pu en rester là, dans cette association de trois aigris passant leur soirée à remâcher leur rancœur contre leurs femmes, Reynald offrant Lauriane aux deux autres, pour la punir de lui échapper. Mais la folie et la perversité s’emparent de ce livre qui se transforme en polar porno et sanglant dont, bien entendu, on taira l’issue. Si l’on fait abstraction de quelques invraisemblances et lourdeurs de premier roman, on ne lâche pas ce texte. Un texte écrit par une femme, et c’est bien là son intérêt. L’auteur, dont c’est le premier roman, ausculte implacablement les réflexes machistes de ses protagonistes, et place au centre de son histoire la question toujours acérée de l’émancipation des filles.

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