Hyenae
Gilles Vincent

Jigal
février 2015
216 p.  9,50 €
 
 
 
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nuit blanche

Méfiez-vous de la hyène qui dort

a Hyène est un criminel peu courant. Auteur de l’enlèvement de trois jeunes filles en octobre 2003, il est resté « silencieux » pendant 4 ans, prenant le soin d’éloigner de sa piste le seul homme, Sébastien Touraine, qui était véritablement sur ses traces, en brûlant vive sa fille aînée et en le menaçant de bien pire.

Quatre ans plus tard, voilà que la Hyène se manifeste à nouveau en envoyant des demandes de rançons aux parents des fillettes enlevées, par l’intermédiaire d’un DVD montrant la mort d’une des fillettes…

La police, essentiellement en la personne d’Aïcha Saida, ex de Touraine et commissaire sur l’affaire depuis quatre ans, s’interroge sur les motifs de la Hyène et va chercher Sébastien Touraine qui, contraint et forcé par la Hyène et la police, va sortir de sa « retraite » pour reprendre l’enquête avec les forces de l’ordre.

Bien entendu, dans cette histoire, tout repose sur les motivations du tueur. Il est difficile de parler plus de l’intrigue sans déflorer le fond de l’histoire, ce qui serait fort dommageable envers tout potentiel lecteur de ce livre.

Au-delà de quelques bizarreries (pourquoi la police met-elle quatre ans à se poser certaines questions, à tenir certaines réflexions ?, pourquoi avoir attendu quatre ans pour essayer de faire le lien entre les victimes alors qu’ils parviennent à le faire si facilement quatre ans après ?, etc…) – mais il faut bien laisser le temps au criminel de planifier sa vengeance, n’est-ce pas ? – Gilles Vincent offre ici un très bon thriller avec des ingrédients efficaces, une écriture fluide et particulièrement maîtrisée où le vocabulaire n’est pas choisi au hasard, où les mots (et les situations) sont là pour choquer le lecteur, le pousser dans les retranchements du dégoût que ce soit pour les atrocités commises par la Hyène ou pour les faiblesses ou bassesses des êtres humains dont la grandeur d’âme et les valeurs morales de façade s’effacent devant leurs vicissitudes.

Question sadisme, Gilles Vincent n’est pas avare d’idées sordides dont la pire et dernière est très certainement de ne pas totalement finir son histoire, qui comme toutes les histoires d’amours…, et de promettre au lecteur une suite. Vivement cette suite ! Le machiavélisme du tueur (qui ne se contente pas de tuer pour tuer mais dont chaque acte est parfaitement réfléchi et s’inscrit dans son schéma d’ensemble) laisse songeur quant au sadisme naturel de l’auteur… il ne doit pas falloir trop s’y frotter !

Gilles Vincent prouve en tout cas qu’il n’est pas forcément nécessaire d’aller fouiner du côté du thriller américain (ou nordique ou allemand pour les dernières « pépites » littéraires du genre) pour trouver de la qualité avec un fond et une forme en cohérence l’une de l’autre. Du très bon thriller, à ne pas mettre entre toutes les mains, celles des adeptes évidemment qui n’ont pas froid aux yeux.

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