J'ai perdu tout ce que j'aimais
Sacha Sperling

Le Livre de Poche
septembre 2013
360 p.  7,30 €
ebook avec DRM 14,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
on n'aurait pas dû

Moins que zéro

En 2009, Sacha Sperling avait 18 ans et publiait son premier roman, « Mes illusions donnent sur la cour », récit d’une errance pré-adolescente et de ses premiers émois érotico-narcissiques avec son meilleur ami. À l’époque j’avais été vraiment touché et impressionné par cet ouvrage, qui connut un succès mérité, et son auteur (fils de Diane Kurys et d’Alexandre Arcady) fut même comparé à Francoise Sagan ! En 2013, que reste-t-il de ce quart d’heure wharolien de célébrité et surtout quel a été le prix à payer par le jeune homme pour avoir levé le voile sur les us et coutumes de ses camarades? C’est l’histoire de son nouveau « roman », ouvertement inspiré par l’intrigue de « Moins que zéro » de Bret Easton Ellis. Cinq ans après le succès de son premier livre, Sacha est donc de retour à Paris après un long exil à Los Angeles. Il retrouve ses amis qui ont peu changé. Sexe, drogues, soirées dans d’immenses appartements vides et interrogations existentielles entre deux rails de coke jalonnent toujours leur quotidien. Mais certains semblent avoir mal tourné, comme ce Quentin qu’il connaît depuis le CP et qui joue maintenant les proxénètes. A part ses parents qui le poussent à reprendre l’écriture, beaucoup de ses proches lui en veulent pour les avoir jetés en pâture, et aussi pour avoir « réussi », au sens où l’entend cette génération, à savoir notoriété médiatique et gains financiers. À leur contact, peu à peu, Sacha se sent de nouveau envahi par une immense solitude et commence à développer des attitudes paranoïaques et schizophréniques quand il rencontre la troublante et secrète Mona, dont il va tomber amoureux pour son plus grand malheur…

Après le roman de sa vie, Sacha Sperling réussit à créer un nouveau genre, le roman sur le roman de sa vie ! Mais ici l’errance reste vaine, sans portée. Certaines tournures de style sont intéressantes et, par moments, on est ému par ces héros qui rêvent de pureté tout en passant leur temps à se détruire ; à la longue, cela finit par lasser. Trop d’ego, trop d’argent, trop d’excès. L’univers du génial Bret Easton Ellis a certes beaucoup inspiré les auteurs depuis 30 ans mais s’y risquer aujourd’hui implique pour un jeune auteur de ne pas s’y laisser enfermer. Sacha Sperling semble gâcher son talent, et il n’en manque pourtant pas. Alors, on attend impatiemment son roman de la maturité.

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