Juste une mauvaise action
Elizabeth GEORGE

traduit de l'anglais par Isabelle Chapman
Pocket
sang d'encre
octobre 2014
912 p.  10 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

George, what else ?!

Avec « Sans l’ombre d’un témoin » et le meurtre d’une de nos héroïnes préférées, la délicieuse et délicate Helen, Elizabeth George nous a révélé son cœur de pierre! Elle est prête à tout pour surprendre ses lecteurs et redonner du piment à son équipe de détectives. Depuis ce drame qui a plongé dans le désespoir les fans de la romancière américaine, on se sent toujours un peu inquiet en commençant l’un de ses livres: quel plan machiavélique a-t-elle encore concocté?

650 pages plus tard, nous voilà rassurés. Pas de mauvais coup cette fois, même si le personnage de Barbara en voit de toutes les couleurs. La policière a toujours été proche de son voisin pakistanais, Azhar, et de sa fille, Hadiyyah. Sans ce physique ingrat, dû en grande partie à une alimentation totalement anarchique et à des choix vestimentaires suspects, elle aurait pu imaginer une idylle avec lui. En tout cas, lorsque Azhar se voit ravir sa fille par son ex-compagne  qui s’évapore dans la nature, Barbara est prête à tout pour l’aider à la retrouver, et même à mettre en péril non seulement son poste à Scoltland Yard, mais son amitié avec l’inspecteur Lynley. Le désespoir lui fait perdre la raison, mais certainement pas son flair, et c’est elle qui va mener l’enquête tambour battant, entre Londres et Lucca en Toscane, n’hésitant pas à contourner les lois au profit du résultat. Elizabeth George nous bluffe une fois de plus dans sa capacité à tenir la distance. Vers la pages 350, une partie de l’intrigue est résolue. Et maintenant? Comment nous retenir 300 pages de plus? Et bien un petit meurtre va relancer l’affaire, et nous voilà à nouveau bien accrochés pour la suite du voyage. Un tour de force, qui prouve une fois de plus, qu’aujourd’hui, Elizabeth George est vraiment l’une des plus grandes dans son domaine.

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coup de coeur

Merci Elizabeth !

Merci Elizabeth ! Je peux vous appeler Elizabeth, ça fait tellement d’années à présent. Vingt ans ? Vingt-cinq ? Peu importe. Le rythme, lui est toujours le même. Deux ans d’attente pour quelques jours de bonheur (et encore, en prenant le temps de déguster malgré la tentation de s’immerger et de tout dévorer d’une traite). Merci Elizabeth de ne jamais décevoir, de ne jamais bâcler, de ne jamais céder à la facilité. Bien sûr, il y a eu le séisme de « Sans l’ombre d’un témoin » et j’ai bien cru ne jamais vous pardonner… D’ailleurs, vous aussi semblez avoir mis un peu de temps à vous en remettre au point de nous rejouer la scène du côté du meurtrier, histoire de bien enfoncer le clou (« Anatomie d’un crime »). Et puis il a bien fallu repartir. Heureusement.

Heureusement parce que Linley et Havers, franchement, on n’a pas du tout envie de les quitter. C’est quand même l’un des tandems les plus intéressants de Scotland Yard certainement à cause de leur dissymétrie si parfaite. Pour ceux qui ne les connaissent pas, ne lisez pas ce qui suit et, surtout, commencez par le début (« Enquête dans le brouillard ») et lisez leurs aventures dans l’ordre. Pour ceux qui comme moi sont accros, sachez que ce dix-huitième opus est un excellent cru, meilleur que le précédent à mon avis.

Bonne idée de quitter l’Angleterre (du moins en partie) et de confronter la rigoureuse méthodologie britannique aux procédures un peu plus latines de la justice italienne. L’occasion pour l’auteur de visiter la Toscane et d’apprendre l’italien au point de délivrer certains dialogues en version originale. Sans oublier pour autant de mettre nos deux enquêteurs à rude épreuve. Lorsque la petite Haddiyyah, sa voisine de neuf ans est enlevée par sa mère, Barbara Havers, particulièrement affectée, ne peut que voler au secours du père de l’enfant, son ami Azhar. Au point de braver l’autorité de la commissaire Ardery et de mettre sa carrière en péril, une fois de plus. Même l’inspecteur Linley ignore s’il pourra lui venir en aide. Envoyé à Lucca, en Toscane en tant qu’officier de liaison, ce dernier est pris entre deux feux : l’enquête et ses rebondissements sur l’enlèvement puis la réapparition de la fillette d’une part, les agissements quelque peu « border line » de Barbara restée à Londres et entraînée dans une succession de bêtises destinées à protéger son ami, d’autre part. Ils vont devoir jouer serré face à la pression des tabloïds, au trouble jeu des détectives privés et à la surveillance dont Barbara Havers fait l’objet de la part de ses supérieurs. Pour cela, l’aide de l’inspecteur Lo Bianco, personnage particulièrement sympathique ne sera pas de trop. Mais cette enquête ne pourra que laisser des traces dans la relation de notre duo de choc.

Une relation mise à l’épreuve quand les agissements de Barbara amènent Linley à s’interroger sur les limites qu’il peut juger acceptables et sur le lien affectif et particulier qui l’unit à sa coéquipière. Un Linley en plein renouveau sentimental, occupé à tisser une nouvelle relation avec Dairdre Trahair, la vétérinaire rencontrée dans « Le rouge du pêché »…

Encore une fois, ça marche sur tous les tableaux. L’intrigue policière est foisonnante, pleine de rebondissements et le couple de circonstance Thomas Linley / Salvatore Lo Bianco compose un duo savoureux et plein d’humour. Surtout, le volet psychologique est particulièrement soigné : amitié, trahison, loyauté… Au jeu des apparences et des faux semblants, Elizabeth George est bien la reine !

Et maintenant, il ne reste plus qu’à attendre le prochain…

Retrouvez Nicole G. sur son blog    

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