La Confusion des peines
Laurence Tardieu

Le Livre de Poche
août 2013
144 p.  5,60 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Tiercé gagnant: amour-famille-secret

On évoque bien souvent la relation privilégiée, et parfois tumultueuse, entre une mère et sa fille. Avec « La Confusion des peines », un récit intimiste et brillant d’émotion, Laurence Tardieu explore le lien viscéral qui unit une femme à son père. Et renoue avec ses thèmes de prédilection : l’amour, la famille, le secret.

Il y a dix ans, la sentence tombe comme un couperet. Le père de Laurence, un des directeurs de l’ex-Compagnie Générale des Eaux, est condamné pour corruption par la Cour d’appel de Saint-Denis de la Réunion. Six mois ferme, pour avoir versé quatre millions de francs de pots-de-vin au parti socialiste de l’époque. Il est incarcéré. Lui si fiable, si honnête. Irréprochable, généreux, droit-dans-ses-bottes. Un homme sur qui l’on peut compter, à qui l’on s’abandonne, même. Un bon père, en deux mots.

Dès lors, l’univers de Laurence s’effrite. Après le jugement, rien ne sera plus comme avant. En quelques mois, sa mère meurt d’une tumeur au cerveau, tandis que son père se mure dans le silence, mais continue d’afficher avec calme des sourires rassurants. Alors, pour cesser de se taire, pour s’affranchir du silence et des non-dits, et ce malgré la formelle interdiction, la narratrice va faire naître le roman tant redouté. Elle prend la plume et fait tout voler en éclats. Ses sentiments, trop longtemps enfouis, jaillissent entre les lignes. A trente-sept ans, elle écrit pour comprendre, pour démasquer cet homme qu’elle croyait connaître par cœur. Ce géniteur qui lui ressemble tant mais a failli à sa tâche.

Si « La confusion des peines » se lit comme une plainte bouleversante, un vibrant appel, un formidable élan d’amour d’une femme à fleur de peau mais meurtrie par la trahison, c’est surtout un texte poignant qui se dévore sans lever les yeux, une belle réflexion sur l’être humain. C’est aussi l’écriture libératrice, qui comble le vide, brise les tabous et fait exister à nouveau.

 

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