critique de "La malédiction d'un jardinier kibei", dernier livre de Naomi Hirahara - onlalu
   
 
 
 
 

La malédiction d'un jardinier kibei
Naomi Hirahara

Nouvelles éditions de l'Aube
septembre 2015
440 p.  12,50 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

« C’est nippon ni mauvais » ! (désolé)

Je suis naturellement très friand de littérature japonaise même si cela fait quelques années que je ne m’y étais pas frotté. Et je ne crois pas avoir déjà lu de polar japonais, cantonné que je fus dans la littérature dite classique. C’était donc à la fois avec un zeste de nostalgie et une pointe de curiosité que je me lançais dans ce roman… lent… passif… En assimilant son récit à son personnage principal (je reviendrai après sur les caractéristiques du dit personnage), Naomi Hirahara a pris un gros risque qui n’est ni tout à fait assumé ni franchement réussi. Masao Arai est un personnage détestable pour commencer. Certes sa situation personnelle et son passé ne plaident pas en sa faveur : ni totalement américain, ni totalement japonais, il ne se retrouve finalement dans aucune des deux cultures, mais ce déracinement profond n’explique ni n’excuse le fait qu’il soit distant (pour rester poli) avec sa femme et sa fille avec laquelle les points sont rompus. En plus d’âtre parfaitement exécrable, Masao Arai est foncièrement passif. S’il était contemplatif comme on pourrait l’attendre d’un personnage relié à une culture zen, on pourrait s’investir un peu dans son caractère… mais là il n’est qu’accessoirement acteur de son histoire passée et de ce qui se passe au moment du récit. Il traîne un ennui communicatif. Et pourtant le thème de ces personnes doublement déracinées qui ont connu la bombe atomique à Hiroshima est passionnant. Sans vouloir en faire un noble héros, pourquoi Naomi Hirahara a-t-elle pris le parti de faire de son personnage un vil fuyard qui s’est fait sur l’argent d’un voyou et qui traite avec dédain si ce n’est par ignorance sa propre famille ? Un personnage trop lisse fait qu’on ne s’y attache pas, qu’on ne s’y identifie pas… tout comme un personnage trop détestable empêche toute empathie. On est ici dans le second cas. Il y a indéniablement chez Naomi Hirahara un savoir faire en matière de trame narrative : elle parvient à tisser son récit habilement en mélangeant passé et présent, distillant ses indices au compte goutte, laissant au lecteur la chance de comprendre les nœuds de l’intrigue avant qu’elle ne lui soit révélée. Mais vous aurez quand même compris que je ne serai jamais vraiment rentré dans ce livre. Qu’en sera-t-il pour vous ?

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