Elles se sont rencontrées en avril 2008. Michèle Fitoussi, alors journaliste à ELLE, voulait l’interviewer pour enrichir un portrait de Rachida Dati qu’elle préparait. Rachida et Loumia étaient amies, Loumia et Michèle le devinrent. Immédiatement. Celle qui avait créé avec sa sœur Shama la marque de lingerie « Princesse Tam Tam » dans les années 80, avait revendu l’entreprise, était devenue riche au passage, et avait pris des parts dans le site « Terrafemina ». Elle voulait créer le même en Inde, où elle vivait avec son mari et ses enfants depuis un an. Lorsque quelques mois plus tard, Michèle projeta un voyage en Inde, c’est tout naturellement qu’elle pensa faire une halte à Bombay, où Loumia et sa famille habitaient.
Ce 26 novembre 2008, Michèle se trouve à Pondichéry, elle doit rejoindre Bombay le lendemain. Pendant la nuit, un cyclone s’est abattu sur la ville où elle se trouve, coupant l’électricité. Alors qu’en règle générale elle est accro à l’actualité, c’est tout juste si elle entend parler des attentats qui ont dévasté Bombay. Sa famille s’inquiète, la bombarde de SMS, tente de la persuader d’interrompre son voyage. Michèle pourtant reste sereine. Elle tente d’appeler Loumia, mais simplement pour lui demander ce qu’elle pense de la situation, si elle l’encourage à venir ou si elle estime que c’est trop dangereux. En vain. Elle apprendra peu de temps après que Loumia et son mari dînaient à l’hôtel Oberoi et qu’ils ont été tués.
Cette amitié fut fulgurante, et inachevée en quelque sorte. Loumia est morte avant qu’elles n’aient pu approfondir leur relation, apprendre à mieux se connaître. Raison pour laquelle, peut-être, Michèle Fitoussi a éprouvé le besoin de revenir sur cette tragédie, de se plonger dans le passé de Loumia, de rencontrer ses sœurs, ses amis, de retourner à Bombay, et aussi, en vraie journaliste, de retracer le périple de ces terroristes. Ce livre se lit à la fois comme un témoignage, mais aussi comme un des ces policiers dont Michèle est friande. Enquête dans la vie d’une femme, enquête sur ce qui a poussé ces hommes à tuer. « Tu verras, l’Inde est un pays imprévisible » lui avait lancé en riant Loumia quelques jours auparavant.