La Société des Jeunes Pianistes
Ketil Bjornstad

Le Livre de Poche
litterature
février 2008
443 p.  8,30 €
 
 
 
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coup de coeur

La Société des Jeunes Pianistes de Ketil Bjørnstad

♫♫♫♫♫♫
Un groupe d’adolescents, vivant à Oslo, ayant tous en commun l’amour de la musique classique, vont former « La Société des jeunes pianistes » et concourir pour remporter le prix du « Jeune Maestro ».
Ce livre est celui de Ketil Bjørnstad, lui-même norvégien, auteur, compositeur et musicien. Il a été, avec cet ouvrage, « Lauréat 2008 du Prix des lecteurs du Livre de Poche ».
Cette lecture m’a été proposée par mon Club qui me fait faire décidément, toujours faire de belles découvertes.

Le héros, Aksel Vinding, voit sa mère Äse se noyer sous ses yeux lors d’un pique-nique. Son père, Hjalmar, tentant de la sauver est retenu car autrement lui aussi serait tombé dans les flots.

Ce qui va soutenir Aksel, c’est sa passion pour la musique et cette année,la nouvelle tombe :
« Nous sommes finalistes. Nous sommes passés en finale : Rebecca, Ferdinand, même Margrethe Irene ainsi que quelques autres individus inintéressants, et moi-même.
Et Anja Skoog.
Elle est déjà un mythe. » (p.103)

On vit le quotidien du narrateur, Aksel, qui voit d’un côté son père sombrer dans l’alcoolisme tandis que sa sœur Cathrine se montre d’une grande force.
Aksel décide d’arrêter ses études, de ne pas passer le baccalauréat pour se consacrer entièrement à cette musique afin d’arriver au sommet. Mais il va aussi connaître les premiers émois amoureux, une passion pour la belle et déroutante Anja sur qui plane un mystère.

On évolue ainsi au milieu des cours de piano – on écoute Debussy, Schubert, Rubinstein, Martha Argerich, Ravel et tant d’autres…♫♫
Il faut travailler, répéter, bien jouer le tempo, savoir actionner la pédale et taper sur les touches blanches et noires, soit d’un Steinway soit sur un Bösendorfer :
« Eh non, ce n’est pas un Steinway. Dans notre famille, nous avons un petit côté autrichien, oui, presque habsbourgeois. Mais c’est une autre histoire… Moi je préfère les Bösendorfer.
– Les Bösendorfer sont de bons pianos. Mais pourquoi ont-ils des sonorités supplémentaires dans les basses ? (…)
– Cela s’explique peut-être par le romantisme. » (p.310)
C’est ce que lui dit sa nouvelle professeure, Selma Lynge, un personnage trouble mais qu’il a choisie après avoir quitté Oscar Synnestvedt. D’ailleurs, lors d’un cours particulier, Aksel lui avoue :
« – Je veux uniquement être un meilleur musicien, dis-je, les joues en feu. (…)
– Tu vas le devenir, dit-elle. Tu peux en être sûr. »(p.312)

Dans ce tourbillon de musique, de découverte des prémisses de l’amour, se mêlent l’animosité envers le père d’Anja, trop présent : Bror Skoog (surnommé l‘homme à la lampe-torche) – l’exaspération envers la mère d’Anja : Marianne Skoog qui n’a pas l’air d’attacher trop d’attention à l’état de faiblesse de sa fille… et bien d’autres événements. C’est un véritable plongeon dans ce milieu impitoyable où il ne faut surtout pas faire preuve de la moindre faiblesse.
C’est qu’ils en veulent tous ces jeunes gens et ils font tout ce qui est en leur pouvoir, en se soutenant mutuellement, en se serrant les coudes.

On a catalogué ce roman comme un roman d’initiation, certes, mais c’est surtout un très beau roman sur la jeunesse, plein de tendresse, de mélancolie, de douleurs qui laissent des traces.
Et quoi de plus touchant que de voir l’engouement de tous ces adolescents prêts à tous les sacrifices pour arriver à la plus haute place ?

Beaucoup d’émotion à la lecture de ce livre, beaucoup d’émerveillement de voir (ou plutôt d’entendre) « la bataille pour jouer une fugue de Bach, Le Premier Livre du Clavier bien tempéré » – « La Fantaisie en ut majeur de Schubert » que Aksel espère jouer à quatre mains avec Anja – « Le Quintette à cordes en ut majeur », etc…

Je n’en rajoute pas plus et je laisse la parole à André Clavel de L’Express : « Histoires d’amour, histoires de deuil, histoires de musique, c’est à ce concert, en crescendo, que nous invite le Norvégien. Son roman est parfois feutré comme du Vermeer, parfois criant de douleur comme une toile de Munch ».
Ces quelques mots définissent tellement bien l’ouvrage de Ketil Bjørnstad, que je préfère arrêter ma chronique. Il n’y a plus rien à ajouter sinon de découvrir ce magnifique roman en écoutant un bon disque, on n’a que l’embarras du choix.
D’ailleurs, pour le lire, j’avais un peu mis de côté les Rolling Stones et j’avais mis en sourdine « Le Boléro » de Ravel. J’étais ainsi dans l’ambiance. ♫♫♫♫♫♫

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