Le Cahier de Maya
Isabel Allende

traduit de l'espagnol (Chili) par Nelly et Alex Lhermillier
Le Livre de Poche
mai 2013
504 p.  7,90 €
 
 
 
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Tout commence par un adieu

Tout commence par un adieu. Des embrassades dans une vieille voiture, aux portes d’un avion. Maya Vidal n’a pas encore 20 ans, mais elle a déjà mis sa vie à sac. Sur ordre de sa « Nini », sa grand-mère paternelle, elle s’envole pour Chiloé, une île du sud du Chili. Là-bas, pour échapper à ceux qui veulent sa mort, Maya va vivre cachée, chez un vieil ami de sa grand-mère. Isolée, perdue dans l’océan Pacifique, au cœur de la terre natale de sa Nini, elle fuit ses vieux démons : l’alcool, la drogue dure, la prostitution, la rue. L’adolescente a quitté l’enfer de Las Vegas, et à l’autre bout du monde, renoue progressivement avec ses racines. Chiloé, comme une délivrance, comme une rédemption. Et c’est dans un cahier qu’elle consigne avec soin, jour après jour et page après page, le récit de sa folle histoire.

Avec « Le cahier de Maya », Isabelle Allende, connue notamment pour son premier roman qui devint immédiatement un best-seller, « La maison aux esprits » (1982), continue d’explorer ses origines. Elle décrit des personnages à l’avenir fantasque, et on s’embarque avec appétit dans ses histoires extravagantes. Son écriture est fluide, son imagination, toujours débordante. Le récit fourmille de détails sur la vie quotidienne de Chiloé : les traditions ancestrales, les remèdes naturels, les rites magiques, les réunions de sorcières… La vie y est dure mais on croit aux esprits. Il est facile d’imaginer ses maisons construites sur pilotis, ses petites églises en bois, ses tornades, ses falaises déchirées, sa mer agitée. Avec Maya, on prend le large. Entre les lignes de son journal intime, les instants noirs d’autrefois contrastent avec son présent paisible, et on suit avec avidité les rebondissements de son passé sens dessus-dessous. « Le cahier de Maya », dix-neuvième roman de l’écrivaine chilienne, se lit goulûment.

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Quand on fait la connaissance de Maya, alors âgée de dix-neuf ans, elle se trouve sur la terre d’origine de sa grand-mère Nini au Chili, hébergée chez un vieil ami à elle sur l’île de Chiloé. Une semaine s’est écoulée depuis qu’elle a quitté son aïeule à l’aéroport de San Francisco. En l’embrassant, elle lui glisse entre les mains un cahier où elle devra livrer ses impressions et ses sensations, celles du passé, du présent, en vue d’un avenir meilleur.
En l’envoyant dans cet endroit, Nini éloigne sa petite-fille de l’enfer dans lequel elle s’était enlisée ; sa plongée dans l’horreur de la drogue et de l’alcool, sa complicité dans des affaires louches, son errance dans les rues de Las Vegas, poursuivie par des dealers, recherchée par le FBI, manipulée de toute part, donnant son corps et son âme… un passé lourd pèse sur les épaules si frêles de la jeune femme.
Isoler Maya sur une île suffira-t-il à l’éveiller aux beautés du monde, à lui redonner goût à la vie, à la faire réfléchir sur ses actions passées, à l’aider à rencontrer des gens bons et bienveillants ? Cet exil lui sera-il bénéfique ? Parviendra-t-elle à se reconstruire?
Maya a eu une enfance, bien que chahutée, plutôt heureuse. Sa mère, une hôtesse de l’air danoise l’abandonne très jeune, quant à son père, un pilote d’avion, toujours en partance, confie l’éducation de sa fille à sa mère et à son beau-père. La petite fille adore son grand-père Popo, le lien qui les unit semble indéfectible ; il l’emmène au foot, à l’opéra, lui coiffe ses cheveux, ils regardent ensemble des films de Kurosawa et ne se lassent pas de contempler l’espace dans le téléscope planté sur le toit de la maison…
À La mort de Popo, Maya bascule dans un profond désarroi et une grande douleur. Elle ne s’en remettra jamais. Elle vit cela comme un abandon. Seule, elle se sent perdue. En peu de temps, elle sombre dans la drogue et l’alcool, fugue, subit des sévices sexuels, erre dans les rues de Las Vegas. Une mauvaise rencontre et c’est la descente aux enfers.
La maturité de la narratrice, Maya, et les descriptions réalistes de son vécu bousculent forcément. On s’attache à cette jeune fille, on comprend son mal-être et l’origine de ce dernier, on aime quand elle sort enfin la tête de l’eau, celui où elle tombe amoureuse, on adore le moment qu’elle passe avec le cercle des sorcières, regroupement de femmes qui mettent en commun leur énergie et partagent leurs émotions, leurs savoirs, leurs problèmes, leur sagesse…
Isabel Allende s’est attaquée à un sujet complexe en évoquant la toxicomanie et l’alcoolisme des jeunes gens et même si on perçoit une exagération quant aux nombreuses mésaventures de Maya, et une certaine facilité à l’en sortir, on reste captivé du début à la fin par l’histoire qu’elle nous livre.
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