Le Coeur qui tourne
Donal Ryan

Le Livre de Poche
février 2015
224 p.  6,90 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Une nouvelle voix irlandaise

C’est pas du jeu avec les Irlandais, ils n’ont presque pas de mauvais auteurs ! Ou bien, ils ne sont pas traduits… parce que pour un premier texte, ce « cœur qui tourne » emballe bien. Elu meilleur livre de l’année (lors de sa parution).

Dans ce roman, vingt et une voix se succèdent pour balayer -plus que détailler- l’histoire de Bobby Mahon, de ce qui lui arriva (à lui et quelques autres) après la fuite d’un patron indélicat. Vingt et une voix, dont celle de Bobby, et autant de personnages qui se confient, s’étonnent, dissèquent, râlent, observent, ressentent, constatent, s’énervent, s’émeuvent parfois aussi.

Avec Bobby, qui ouvre le bal de ce « cœur qui tourne », le cadre est posé : une bourgade qui vit tant bien que mal sur fond de crise économique, un employeur local (autochtone et fils du cru, Pokey Burke de son nom) qui se carapate sans avoir réglé les cotisations qui permettraient à ses ex-employés de toucher le chômage. Ou de faire valoir leurs droits à la retraite. Un drame. Le ressentiment s’installe, en gangrène quelques uns. Colère et amertume grandissent dans ce terreau de misère.

Prenez Bobby. Bien que considéré par beaucoup comme un homme intègre et droit, il aimerait que son vieux salaud de père meurt ! Ce qui lui permettrait de voir venir après l’héritage. Une pensée bien peu charitable qui prend sa source dans une incompréhension mutuelle semble-t-il. A part ça, c’est le plus vertueux des hommes.

Les voix qui se relaient peignent une communauté en souffrance, des hommes et femmes à la peine. Parfois, la solidarité parvient à jouer entre les habitants malmenés de cette petite ville. D’autres fois, les rumeurs prennent le pas sur la vérité d’hommes qui tentent juste de faire au mieux, dans un contexte bien merdique. Bobby cristallise beaucoup d’attention. Les autres voient en lui l’homme intègre, le modèle à suivre, celui qui ne peut que sortir la tête haute de cette mauvaise passe.
Vasya, le travailleur immigré, Bridie, Jason, Timmy, Lily, Josie, Rory, Franck, Denis, Triona la femme de Bobby, les autres… tous ont quelque chose à dire. Sur la crise, sur l’injustice de ce qu’ils traversent. L’une a à se plaindre d’un ex, un autre d’une vie au rabais. Une autre voix relate un incident observé au loin. Un autre personnage donne son sentiment sur le gars Bobby.

Un premier roman bluffant tant par sa construction (que d’aucuns comparent à « Tandis que j’agonise » de Faulkner) que par l’intensité qu’il recèle. On attend avec impatience de deuxième livre de cet Irlandais.

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