Le lagon noir

traduit de l'islandais par Eric Boury
Points
bib. nordique
mars 2016
-1 p.  7,90 €
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

La saga Erlendur

Arnaldur Indridason continue d’étoffer la saga Erlendur en voyageant dans le temps. Son dernier roman, « Le Lagon noir » , est situé en 1979 : le fameux flic islandais a quelques années de plus que dans « Les nuits de Reykjavik », qui retrace ses débuts dans la police, mais une trentaine de moins que dans « Etranges rivages », où sa quête d’adulte torturé trouve son aboutissement.

A la manière d’un peintre enchaînant indéfiniment les variations d’un portrait à partir d’une même esquisse, l’auteur affine par petites touches la personnalité de cet homme mélancolique et dépressif, qu’il avoue devoir supporter comme un colocataire difficile à vivre. La chronologie linéaire importe peu. Chaque livre vient prolonger les acquis du précédent et préparer les enseignements du suivant.

Sous la tutelle bienveillante de son chef Marion – en qui le lecteur peut voir indifférement une femme ou un homme… encore que… – le jeune policier se frotte à deux enquêtes. L’une, officielle, sur la mort suspecte d’un Islandais survenue dans un hangar de la base militaire US. L’autre, officieuse, dictée par ses propres traumatismes d’enfance, sur la disparition inexpliquée d’une jeune femme modeste, vingt-cinq ans auparavant, au lendemain d’une petite fête avec ses amies de l’Ecole ménagère.

Dans une atmosphère empreinte de nostalgie, Indridason déroule ses propres obsessions. Sa vision d’un après-guerre portant en germes les vices d’aujourd’hui. Sa peinture d’existences étouffées dans une quotidienneté morne. Le poids d’une insularité vécue comme une faiblesse, comme un facteur d’oubli. Ou encore la place inconfortable de son pays, entre une Europe qui le néglige et une Amérique qui le piétine. Tout cela, le romancier le déroule sans craindre de se répéter, et sans jamais lasser.

 

partagez cette critique
partage par email