Le Saut du requin
Romain Monnery

Le Livre de Poche
janvier 2014
264 p.  6,60 €
ebook avec DRM 4,99 €
 
 
 
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coup de coeur

Amour 2.0

Ziggy refuse la vie courante. Sa seule expérience professionnelle a consisté en la vente de billets de tombola du temps de l’école primaire. Son activité principale consiste à rouiller devant son ordi. Comme Michel Houellebecq, il considère que le plus grand luxe est de se donner les moyens d’éviter les autres. Il a rencontré Méline sur Adopteunmec, et voilà qu’après un an de coïts hebdomadaires, Méline lui demande ce qu’elle est pour lui – et s’il l’aime. Pour Ziggy, c’est le signal : il est temps de prendre de la distance.
Ziggy n’est pas un mufle. Alors comment, comme chantait Jacques Dutronc, la laisser tomber sans qu’elle se fasse trop mal ?

Sauf que Méline est allée voir ailleurs. Voilà Ziggy blessé dans sa fierté. Et, obsédé par sa peur de ne pas être à la hauteur, il tente de la reconquérir. Ou, puisqu’il n’a jamais fait d’efforts (à supposer que l’amour en réclame), de la conquérir-tout-court.
Si, comme dans les romans des éditions Harlequin, le bonheur espéré est proportionnel aux difficultés à surmonter pour l’atteindre, tous les espoirs sont permis. En attendant, Ziggy n’est pas au bout de ses peines. Car Méline le garde tout comme elle garde celui qu’il voit comme son rival. Histoire de varier les plaisirs – d’autant que le nouveau Ziggy est aussi pétillant qu’« un soda sans bulles à l’arrière-goût de somnifère ».
Le trouple, le polyamour. Une tendance, assure-t-on. Mais est-ce bien ce que ces héros veulent ?

Romain Monnery signe ici un roman plein d’humour et de trouvailles (on y apprend notamment qu’onze ans d’écart constitue la différence d’âge idéale dans un couple, mais tout n’est peut-être pas à prendre au pied de la lettre) construit autour de deux personnages délicieusement caricaturaux. Une comédie qui interroge aussi les rapports à l’amour, dans toutes les acceptations du terme, d’une génération d’enfants du divorce tristement flippés et totalement désenchantés.
Drôle donc, mais pas que.

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