Le Village
Dan Smith

traduit de l'anglais par Hubert Tézenas
10 X 18
août 2014
476 p.  8,40 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

un prédateur au temps de Staline

Ukraine, hiver 1930. Le régime stalinien bat son plein. Les campagnes sont rançonnées, les paysans déportés, les vivres réquisitionnées. Le pays vit dans la terreur. Seul le petit village de Vyriv semble, pour l’instant, épargné.

Luka Mikhaïlovitch Sidorov y vit avec sa femme Natalia, leurs deux fils jumeaux, Viktor et Petro, 17 ans et la petite dernière, Lara. Depuis 1914, Luka a servi dans toutes les armées : impériale, communiste et anarchiste ukrainienne. Mais les temps ont reconverti l’ancien soldat émérite en cultivateur.

L’apparition aux abords de Vyriv d’un homme quasi moribond tirant un traîneau met le feu aux poudres. Sa cargaison est macabre. Deux cadavres : un petit garçon, une petite fille dont une partie de la cuisse a été découpée. Le village s’enflamme. Il faut et sans tarder punir l’auteur de pareille atrocité.  Contrairement à ses voisins, Luka ne croit pas à la culpabilité de l’individu mais sa sagesse ne peut endiguer la violence et la folie qui se sont emparées des esprits. L’homme est pendu après avoir été lynché. C’est alors qu’une petite villageoise disparaît… L’enfant, 8 ans, n’ayant pu partir seule, l’hypothèse de l’enlèvement s’impose.
Luka, ses deux fils et le père de la fillette se lancent à la poursuite du ravisseur dans une nature hostile, où le moindre faux-pas est fatal. Les quatre hommes ignorent qu’ils ont pris en chasse un prédateur d’une redoutable dangerosité.

Dan Smith campe son intrigue au cœur de la Russie stalinienne offrant un récit d’une grande puissance historique. La collectivisation de l’agriculture, la confiscation des biens, la suspicion qui s’installe, autant de menaces qui planent sur « Le village » et augurent de la période à venir, celle des grands procès et des déportations de masse.

Mais prime dans ce thriller  le duel qui oppose deux tireurs d’élite, Luka et le voleur d’enfant.  Un affrontement implacable où  toute distraction est mortelle. En donnant la voix à son héros- le roman est écrit à la première personne- Dan Smith permet à son lecteur de s’introduire dans les pensées d’un « snipper », de comprendre ses techniques et de devenir lui aussi partie prenante de cette traque. Pas une seconde de répit dans ces 462 pages où la tension est constante.
  

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