critique de "Maine", dernier livre de J. Courtney Sullivan - onlalu
   
 
 
 
 

Maine
J. Courtney Sullivan

Le Livre de Poche
hors coll.
mai 2013
600 p.  8,60 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

« Merci d’être étonnée qu’un membre de ma famille soit particulièrement beau et, par extension, de trahir ce que tu penses de mon physique. »

« Maine » est une merveille de roman qui donne la parole à quatre femmes : Alice, la matriarche, 83 ans, une teigne (on comprendra pourquoi, mais une teigne tout de même), Kathleen, son aînée, Maggie, fille de Kathleen et enfin Ann Marie, la pièce rapportée (épouse du fils d’Alice depuis 35 ans). La famille Kelleher passe tous les étés dans sa propriété du Maine, au bord de l’eau, selon différentes modalités en fonction des époques et de nos jours c’est Ann Marie qui a établi un « planning » : étant entendu qu’Alice s’y installe de Mai à Octobre, en gros, il ne faut pas l’y laisser trop seule (son âge, tout ça). Juin c’est pour Kathleen (et ses enfants) (adultes, hein), juillet pour elle et sa famille, Août pour la 3° soeur, Clare (qui ne vient jamais), et son mari Pat et elle ont fait construire une maison tout confort à côté de ce qui était le « cabanon » originel, donc personne ne se marche sur les pieds. Mais cette année, rien ne va plus, le planning est mis à mal et il va falloir cohabiter…

Terminé le côté un peu fleur bleue des Débutantes (le premier roman de J. Courtney Sullivan), ici on est dans la vraie vie, enfin celle des comédies douces et amères en même temps, le truc avec Diane Keaton ou réalisé par Jodie Foster, où la famille nous rend chèvre mais de fait que ferait-on sans eux, tout ça. Ce qui est délicieux c’est l’équilibre, il n’y a aucune outrance, tout est juste, on les aime toutes avant de les détester puis de laisser son coeur déborder de pitié, Alice et ses incroyables méchancetés, Kathleen et ses très gênantes logorrhées (je veux dire, non mais sérieux, la pudeur, elle connaît ?), Maggie et son gros côté mou, et Ann Marie… Ah Ann Marie, notre Bree van de Kamp qui aurait oublié d’être caricaturale, et qui ne serait qu’attendrissante et monstrueusement effrayante. Une chronique familiale qui n’oublie pas de célébrer l’état du Maine, qui exhale ces mille et un petits riens qui font l’été, la plage, les homards.

J’ai pensé à Stewart O’Nan (pour « Nos plus beaux souvenirs« ) mais ce roman n’en a peut-être pas encore vraiment la profondeur, et pourtant, quelle plume. Un deuxième roman seulement, elle a à peine trente ans Miss Sullivan, et déjà elle nous offre une qualité d’analyse proprement impressionnante, des personnages qui prennent vie hors des pages, une construction maîtrisée et des heures de lecture ravie.

Un vrai coup de coeur !

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