Malevil
Robert Merle

Gallimard
Folio
janvier 1983
635 p.  11,50 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Le meilleur du post-apocalyptique

La guerre atomique a eu lieu (fulgurante). Personne n’a rien compris, personne ne sait quelle est l’ampleur de la destruction (mondiale apparemment, en raison du dérèglement climatique) et à la limite peu importe : pour ceux qui ont survécu, il s’agit de continuer à vivre, et donc de s’organiser.
A Malevil, ils sont un petit groupe vite mené par Emmanuel Comte, notre narrateur. Ils se débrouillent comme des chefs, créent une petite société en communisme agraire primitif, sont en autarcie et retrouvent peu à peu un sens à la Vie. Mais ils ne sont pas les seuls survivants, et ce sont véritablement des guerres qu’il faut gérer…
Aux côtés d’Emmanuel, on a ponctuellement l’intervention du jeune Thomas, qui recadre un peu les évènements, avec une objectivité dont le narrateur manque de plus en plus au fil des pages. Emmanuel se révèle dans ces conditions difficiles, se dépasse même très certainement, et a besoin pour ce faire d’une importante confiance en lui, qu’on comprend parfaitement en tant que lecteur. Il nous agace malgré tout, parce que c’est comme ça, on n’aime pas les hâbleurs à qui tout réussit. En même temps on s’identifie complètement à ses « ouailles », on compte sur lui pour se montrer fort quand c’est nécessaire (allez tuer des inconnus morts de faim en face à face, vous, parce qu’ils mangent votre blé même pas encore mûr sur sa tige, tout cru), réfléchi quand il s’agit de gérer les relations sociales, généreux pour les survivants du village voisin, impitoyable pour l’affreux curé qui a y a pris le contrôle, pénétrant quand il se penche sur la religion, bref, on veut un guide, un appui, un leader « qui sait ». Et on voudrait, qu’en plus, il soit modeste ?…
Le genre de roman qui vous promet des nuits agitées, des interrogations sans fin, et qui est, au final, d’un pessimisme profond, mais absolument pas déprimant. Marquant.

partagez cette critique
partage par email