Bas les Voiles !
Chahdortt Djavann

Gallimard
folio
février 2006
72 p.  3 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Chahdorrt Djavann est née en Iran et vit depuis 1993 en France. Elle a connu l’arrivée au pouvoir de Khomeyni. Dans cet essai, elle dénonce avec force, virulence et un très grand courage l’enfermement, l’avilissement que sont pour la femme le port du voile : « J’ai porté dix ans le voile. C’était le voile ou la mort. Je sais de quoi je parle. » Elle nous explique de façon très pertinente la construction de l’identité féminine et de l’identité masculine dans l’islam. Pour la femme, il s’agit de la pudeur et de la honte. Pour l’homme, le zèle et l’honneur sexuel. Seulement le problème, c’est que c’est le corps de la femme qui est le garant de l’honneur de l’homme : « Le corps de la femme, garant de l’honneur sexuel de l’homme, ce tabou non avoué, ne peut être dehors, libre, sous les regards illicites des autres hommes. C’est l’identité de l’honneur musulman, l’honneur d’être un homme qui en dépend…. Autrement dit, la construction de l’identité masculine chez les musulmans est tributaire de la pudeur et de la honte de la femme. L’honneur et le zèle de l’homme musulman, sans lesquels ils ne sont rien, sont à la merci du voile de la femme. » Dans le même temps, elle soulève le problème des frustrations et des violences que cette pression des interdit renforce. « Le voile fixe l’attention et les énergies psychiques des hommes sur un spectacle qui par la logique des choses doit se révéler du plus grand intérêt. Impossible d’ignorer les regards insistants, accrocheurs des hommes dans les pays musulmans. Le regard salace, le regard illicite, le regard aux aguets, le regard qui pénètre le voile. » Elle fustige également le silence ou le peu d’intérêt des intellectuels français lorsqu’il y a eu le débat sur le voile à l’école et démontre la manipulation de certains intellectuels musulmans qui ont su « jouer avec la mauvaise conscience professionnelle de nombre d’intellectuels français et donner à de jeunes musulmanes le désir d’inverser le sens des signes. Le voile parce que je le vaux bien telle est la substance publicitaire du message qu’ils font passer. » Elle évoque également la laïcité en nous expliquant que c’est un concept qui n’existe pas dans les pays musulmans, il n’y a d’ailleurs pas de mot pour le traduire. « Quand je retrouve le souvenir et l’image des petites filles voilées des écoles iraniennes, quand je pense à celles qui, en France, sont utilisées, à leurs corps défendant ou par l’effet d’une redoutable manipulation islamiste, pour servir d’emblèmes aux propagandistes de « l’identité par le voile », la tristesse le dispute en moi à la colère. Allons-nous enfin nous réveiller ? ». Manifestement, elle n’a pas été entendue.

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