Nora Webster
Colm TÓIBÍN

10 X 18
littérature etrangere
août 2017
432 p.  8,40 €
 
 
 
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coup de coeur

Nora Webster a accompagné son mari Maurice, atteint d’un cancer, jusqu’à son dernier souffle. La vie doit reprendre son cours mais Nora va vite s’apercevoir que ce n’est pas si simple.

Il n’y a plus qu’elle maintenant pour veiller sur les quatre enfants issus du couple. Si les filles sont déjà grandes et étudiantes, c’est beaucoup plus délicat pour les deux garçons dont un, Donal, souffre de bégaiement depuis la disparition de son père.

Nora doit aussi leur faire comprendre le changement de leur situation financière : elle doit vendre la maison où ils allaient passer tous leurs étés au bord de la mer et elle doit reprendre le travail de comptable qu’elle exerçait avant d’épouser leur père.

Nora comprend très vite également ce que le statut de veuve en Irlande à la fin des années 60 implique : le regard continuel des autres habitants de la petite ville dans laquelle vit sa famille, l’apitoiement de certains sur son sort. C’est comme une chape de plomb que l’on pose sur elle : sa vie est finie.

Toutefois Nora, au fur et à mesure qu’elle avance dans son deuil et parce qu’elle doit faire face chaque jour à ses enfants, prend petit à petit confiance en elle, s’autorise à faire des choses auxquelles elle n’aurait même pas osé penser auparavant. Des rencontres amicales vont l’amener à s’émanciper du poids de la société irlandaise et à s’autoriser à apprécier ce qui lui fait plaisir, notamment la musique et le chant.

Il y a très clairement dans ce roman formidable deux parties : dans la première Nora se remet du choc, essaie de surmonter ce drame ; dans la seconde Nora s’est ouverte petit à petit à la vie, à la femme qu’elle est que cela plaise ou non à son entourage.

» Elle devait faire un effort pour se rappeler qu’elle était libre, que Maurice n’était plus là pour s’inquiéter du coût et renâcler devant tout ce qui risquait de déranger ses habitudes. Elle était libre. Elle pouvait prendre toutes les décisions qu’elle voulait dans la maison. Elle se sentit presque coupable en comprenant qu’elle pouvait, en réalité, faire exactement ce qu’elle voulait, de façon générale. Tout était réalisable, tous ses désirs sans exception, à la seule condition d’en avoir les moyens financiers. Si Jim et Margaret la désapprouvaient, ou si ses soeurs, ou ses filles, lui conseillaient de précéder autrement, elle était parfaitement libre de ne pas tenir compte de leur avis. »

Colm Toibin, que j’avais découvert avec « Brooklyn » dresse là encore un magnifique portrait de femme tout en nous permettant de vivre la réalité de l’Irlande de ces années là.

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