Nous, Louis, Roi
Eve de Castro

Pocket
août 2015
224 p.  6,50 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Le roi est nu

17 jours. Il a tenu 17 jours. Quand Louis XIV se découvre une étrange douleur à la jambe, il sait qu’il va mourir. Son fidèle ami Lully n’a-t-il pas lui aussi succombé à la terrible gangrène ? Cloîtré dans sa chambre, le Roi Soleil entame un calvaire qui est aussi un chemin vers la rédemption. Au fil des journées et surtout des nuits interminables, entre deux soins de ses médecins, ignorants Diafoirus, qui diagnostiquent une sciatique, Louis revient sur son enfance, son règne de 54 ans, les nombreuses femmes qu’il a aimées, les amis qu’il a perdus. Il trouve du réconfort dans l’immense oeuvre accomplie, dans la force obtenue par des guerres que la France mène par-delà ses frontières, dans Versailles qu’il a voulu et arraché à la boue. Le monarque absolu est seul ou presque : au fur et à mesure que la maladie progresse, les courtisans s’éloignent tandis que ses ennemis, nombreux, se frottent les mains. Seule sa femme, Madame de Maintenon, son confesseur et ses gardes veillent à son chevet.

Pour le tricentenaire de la mort de Louis XIV, Eve de Castro a eu la bonne idée d’imaginer le journal intime du monarque déclinant. Elle nous livre un portrait saisissant du puissant, craint et aimé de tous mais aussi de l’homme qui va vers la mort avec une force de caractère hors du commun. Celui qui se définit comme le lieutenant de Dieu sur terre se dépouille progressivement de tous ses atours pour dialoguer avec son seul maître et avec les siens, dans une ascèse bouleversante. L’auteur du « Roi des Ombres » a en outre su trouver le ton juste, ni trop contemporain, ni trop éloigné de nous. On referme le livre en ayant l’impression d’avoir rencontré, non pas un personnage historique, mais un homme. Tout simplement.

 

partagez cette critique
partage par email