Nous ne sommes pas nous-mêmes
Matthew Thomas

10 X 18
février 2016
860 p.  9,90 €
 
 
 
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coup de coeur

Les rêves sont ils plus grands que la vie elle-même

Matthew THOMAS dresse dans ce premier roman un portrait de femme qui court de l’enfance à la vieillesse. D’où l’épaisseur de ce livre : 860 pages. L’héroïne, Eileen Tumulty, naît à New York au début des années 50 au sein d’une famille d’origine irlandaise. Fille unique d’un père camionneur, figure emblématique de son quartier, et d’une mère qui fait des ménages dans les écoles, elle passera toute son enfance dans le quartier du Queens. Eileen n’est pas très heureuse, sa mère étant la plupart du temps sous l’emprise de l’alcool. Mais elle a de l’ambition. Elle est certaine que sa vie sera meilleure que celle des ses parents. Son diplôme d’infirmière en poche, elle tombe amoureuse d’Ed, professeur d’université et l’épouse. Sa ténacité lui permettra de gravir les échelons et de devenir infirmière en chef de l’hôpital où elle travaille. Elle donne naissance à un fils, Connell. Eileen continue de s’accrocher à ses rêves de viser plus haut et de sortir de sa condition sociale. Elle est persuadée que son mari, professeur réputé, obtiendra un poste dans une université prestigieuse ou deviendra doyen. Or, Ed refusera les deux possibilités de carrière quant elles lui seront offertes. Pour Eileen, c’est la douche froide. Elle ne comprend pas le refus de son mari. Les relations se tendent, Eileen s’endurcit. Elle ne supporte plus le quartier où ils vivent, celui-ci ayant été, selon elle, envahi par les communautés indiennes et hispaniques. Elle veut habiter à tout prix dans la grande banlieue de New York, dans un quartier beaucoup plus chic, même si pour ce faire, sa famille doit vivre dans une maison quelque peu délabrée. Eileen se raccroche à ses rêves, et ce d’autant plus qu’elle ne comprend plus rien au comportement étrange de son mari depuis quelques années. Elle envisage même de divorcer jusqu’au moment où elle apprend qu’il souffre en fait d’une forme précoce de la maladie d’Alzheimer. Viendra alors pour Eileen le temps d’une longue descente aux enfers. Elle devra faire le deuil de son couple, de sa vie de femme, affronter le regard des amis pas toujours bienveillants, composer avec la fuite de son fils étudiant qui ne peut supporter de voir son père dans cet état. Matthew THOMAS nous raconte la vie d’une femme avec une très grande justesse, même si j’ai trouvé parfois quelques longueurs. C’est un roman profond sur la vie et la façon dont chacun d’entre nous s’efforce de la vivre.

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