Oona & Salinger
Frédéric Beigbeder

Le Livre de Poche
aout 2014
336 p.  7,10 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

« Vieillir calme tout le monde, en particulier les prétentieux »

Dans « Oona & Salinger », cette version toute personnelle d’une brève et intense histoire d’amour entre J.D. Salinger et Oona O’Neill, future madame Chaplin, le bientôt quinquagénaire auteur-publicitaire-éditeur-journaliste surprend, émeut, éblouit, et agace un peu. Bref, Beigbeder reste fidèle à Begbeider.

New-York, 1940, à l’aube de l’entrée en guerre. Oona, 16 ans, est une ravissante fille délaissée par son père, le plus grand dramaturge américano-irlandais, Eugène O’Neill, lorsqu’elle croise J.D. Salinger, 22 ans, écrivain en devenir. Leur première rencontre a lieu au Stork Club, où Oona règne avec ses amies Gloria Vanderbilt et Carole Marcus, en « premières it-girls de l’histoire du monde occidental ». Là, entre Orson Welles et Truman Capote, l’histoire va prendre racine. Et bien qu’elle ne durera qu’à peine deux ans, elle résonnera singulièrement dans la vie et l’œuvre de Salinger (c’est la thèse de l’auteur). En 1942, lorsque Salinger est appelé sous les drapeaux, ils se séparent et Oona s’envole faire des essais de cinéma à Hollywood. Ensuite, le soldat Salinger lui écrit (des lettres ont vraiment existé, mais l’auteur n’y a pas eu accès, alors il les a imaginées), mais elle semble déjà toute entière dédiée à son amour pour Charlie Chaplin, son aîné de 36 ans, qu’elle épousera très vite et avec lequel elle émigrera en Suisse au moment du maccarthysme.
On le sait, les héros de Frédéric Beigbeder sont aussi des prétextes pour mieux parler de lui. Et ce récit éminemment romanesque est également une ode nostalgique à une époque où la vie avait du panache, les sentiments de l’élégance, les héros du caractère, récit qu’il conclut sur une déclaration d’amour à Lara, sa jeune épouse. Ce livre est la fois personnel et universel. On se prend à surligner quelques formules géniales, même si elles sont parfois un peu trop « faciles ». Et puis on s’amuse, lorsqu’il initie un habile dialogue avec le lecteur, qu’il prend au piège de l’interactivité en lui proposant d’aller voir une vidéo de l’héroïne pour mieux prouver que la littérature est aussi le meilleur moyen de se sentir vivant…

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