Empire des chimères
Antoine Chainas

Gallimard
Folio policier
septembre 2018
739 p.  10,30 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

Cette ouvrage est le coup de cœur de la librairie Millepages à Vincennes dans
le numéro #47 de notre sélection q u o i l i r e ?

« Dans la France des années fric, la France de Bernard Tapie, la France des Rolex et des rails de coke […] », Lensil, village d’une banalité maladive s’apprête à basculer dans la terreur… Une petite fille disparaît, des ados s’égarent dans un inquiétant jeu de rôles, des notables magouillent, un géant américain de l’entertainment prévoit d’installer un parc d’attractions au milieu des champs… ça ne vous rappelle rien ? Alors que les esprits s’échauffent sous un ciel de plus en plus menaçant, Jérôme, le garde champêtre hanté par son propre passé n’aura pas d’autre choix que de se mouiller dans les eaux troubles de cette enquête, quitte à s’y noyer. Dire de ce roman policier qu’il est ambitieux paraît bien pâle au regard des moyens déployés. La richesse de l’écriture et la profondeur des thèmes explorés composent une œuvre admirable de puissance et d’effroi qui tient à la fois de Pierre Lemaitre et de Stephen King. Hautement immersif. »

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 Les internautes l'ont lu
nuit blanche

Voici un sacré polar, rudement bien écrit, épais (658 pages) et l’intrigue est… comment dire… pour le moins complexe ! Et il faut l’avouer, je n’ai pas tout compris, loin de là ! Mais est-ce bien grave ? Difficile, au fond, de classer une œuvre aussi dense, touffue, labyrinthique dans sa construction et qui s’en va, parfois, traîner du côté du fantastique. Une espèce de texte vertigineux et tentaculaire qui touche à un tas de sujets et que je vais donc avoir un mal fou à vous présenter (si j’y arrive!) Ne m’en veuillez pas si je tâtonne un peu.
L’action se déroule dans un petit village français situé au beau milieu de nulle part : Lensil.
Quelques figures vont très vite émerger de cet espace glauque et plutôt sordide : une instit’ à la retraite, un plombier au chômage, une coiffeuse qui a perdu son chat, un directeur d’ agence immobilière, un boucher, trois gamins qui s’adonnent à un jeu de rôle intitulé Empire des chimères, un garde champêtre qui fait office de gendarme dans ce petit village paumé. Bref, c’est tout un tas de personnages qui nous sont présentés. (Pas d’inquiétude, on finit par les mémoriser relativement facilement – et pourtant je ne suis pas très douée pour ça d’habitude…)
Or, un jour, une gamine, Édith, disparaît tandis qu’elle jouait à cache-cache avec ses copines… Meurtre ? Enlèvement ? Mystère ! La petite est introuvable…
L’action se situe dans les années quatre-vingt, époque où Mitterrand milite pour « une France plus juste, plus fraternelle ». En attendant des jours meilleurs, on entend plutôt parler de crise économique, de choc pétrolier, de mondialisation, de société de consommation.
La ville de Lensil, en passe de mourir, faute d’habitants, n’est pas près d’attirer âme qui vive avec une affaire comme celle-ci. C’est l’hiver, il fait froid, gris, et en plus, un champignon invasif a eu la mauvaise idée de s’épanouir dans de nombreuses maisons. Bref, c’est un vrai cauchemar que ce lieu.
« Les rares oiseaux qu’on y entend sont des corbeaux, la terre que l’on foule une stagnation opaque et les gens qui peuplent les environs les gardiens d’une prison invisible, sans plus de consistance qu’un nuage de poix.»
Bienvenue à LENSIL !
Allez, fuyons et partons pour les States car une autre partie de l’action a lieu là-bas, précisément là où a été conçu le fameux jeu auquel s’adonnent les gosses. En effet, on prépare non sans mal une nouvelle version qui, paraît-il, est encore plus terrible que la première. Certains disent d’ailleurs que des copies pirates circulent déjà sous le manteau…
Il faut savoir aussi qu’outre-Atlantique une grosse firme américaine de divertissement a des projets qui pourraient bien transformer les terres pourries de Lensil en or, en y implantant… un parc à thème précisément inspiré de ce jeu effrayant…
En attendant, les enfants jouent et jouent encore : ils sont Louis le lombric, Andy le loup arctique, Eddy la corneille blanche… et la réalité se mêle à leur fiction (à moins que ce ne soit l’inverse), tout s’imbrique, s’enchevêtre, se télescope et devient dangereusement poreux. C’est un jeu intense, subversif, immersif, plus qu’addictif et particulièrement violent. Le but de ces gamins accros ? « Retrouver Eddy, une corneille albinos qui a disparu d’une ville appelée Simplicité. » Et les joueurs doivent se rendre sur les Épouvantables Terres pour la retrouver, des terres gardées par un certain Oskar…
Mais qui cherchent-ils, ces mômes, Eddy ou une certaine Edith que personne ne retrouve et que ses parents pleurent ? Et pourquoi ce charnier de chats ? Et que vient faire ce pique-brune, « la terreur des bétonneurs » ? Et c’est quoi cette boîte noire dont le couvercle « s’orne d’une corneille blanche les pattes en l’air » ? Et cette créature mi-homme mi-bête qui rôde dans la forêt, qui est-elle, d’où vient-elle ?
Allez, lancez-vous dans l’aventure, parce que c’en est une de lire un tel roman. Laissez-vous aller, lâchez votre esprit cartésien. Vous serez peut-être un peu perdu mais certainement pas déçu !
GO !

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