Prière d'achever
John Connolly

traduit de l'anglais par Pierre Brévignon
Editions 84
novembre 2014
128 p.  5,20 €
ebook avec DRM 4,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Où es-tu Anna Karénine ?

Un texte qui interroge l’histoire de la littérature et la relation du lecteur avec les héros de fiction : c’est ce que le jury du prix Edgar Allan Poe a salué en couronnant John Connolly pour « The Caxton Private Lending library and book depository ». Avec ce très court roman, traduit en français sous le titre « Prière d’achever », ce maître du thriller fantastique, qui nous a fait frémir avec « L’Ange noir » et « Tout ce qui meurt », s’éloigne du registre de l’angoisse pure pour un joli numéro d’équilibriste entre fable et roman noir.

La réflexion insolite dans laquelle nous plonge l’auteur irlandais naît de la rencontre d’un personnage falot et triste, M. Berger, avec une jeune femme mystérieuse, pâle et angoissée. Un soir de promenade, ce solitaire qui n’a d’autre compagnes que la lecture et la marche voit la belle désespérée se jetter sous les roues d’un train… avant de se relever et de s’enfuir.

Bouleversé, il la poursuit jusqu’à une bibliothèque où elle se réfugie. Il en est certain : avec ces vêtements, ces bottines et ce sac rouge, il s’agit d’Anna Karénine, l’héroïne de Tosltoï… Dès lors, ce petit homme sans plus de passé que d’avenir se découvre des sentiments inconnus : passion, ambition, volonté. Il veut aider cette femme qu’il croit connaître comme une amie et, surtout, lui épargner un destin tragique. Il n’est pas au bout de ses peines ni de ses surprises…

L’idée est brillante, et John Connolly la développe avec la finesse et la conviction voulues. Tout lecteur peut voir un peu de lui-même dans ce M. Berger auxquels les livres renvoient sa propre humanité. Les héros de la littérature marquent les mémoires et traversent le temps. Ils nous apparaissent aussi proches, humains et familiers que les grands noms de l’Histoire. Leurs peurs ou leurs malheurs inspirent même des élans protecteurs. C’est le propre des grandes oeuvres, nous rappelle le romancier dans l’interview qui ponctue ce livre, que de rendre vivants des personnages qui n’existent pas.

partagez cette critique
partage par email
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Si j’avais su…

Un petit bijou que ce livre très original et très surprenant! Monsieur Berger est ce qu’on appelle communément un « petit fonctionnaire » dont le terne quotidien n’est éclairé que par son amour inconditionnel des livres. A la faveur d’un héritage, il quitte son travail pour se retirer à la campagne… En se promenant près de la voie ferrée, il voit un soir une femme se jeter sous un train….et disparaître ! Une une fois passés les inévitables entretiens stériles avec la maréchaussée locale , monsieur Berger décide de mener lui même l’enquête…Cette rencontre a lieu deux fois et l’amène à découvrir une bien curieuse bibliothèque gardée par un vieil homme « hauts en couleurs « et qui semble être également le lieu de villégiature des plus grands héros de la littérature ! Et qui renferme les éditions originales des plus grands chefs-d’œuvre !! Ces livres sont à portée de main de Monsieur Berger qui prend conscience du pouvoir qui lui est donné… Il n’en faut pas plus pour que le pauvre homme vacille….. et passe à deux doigts de la catastrophe ! Extrêmement original et très bien écrit (et traduit !), pouvant je pense s’adresser également aux adolescents, ce roman est pour moi un « coup de cœur » même si ce n’est pas vraiment un roman policier…

partagez cette critique
partage par email