Sauf quand on les aime
Frédérique MARTIN

Pocket
août 2014
192 p.  5,95 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Un roman dur et violent, tendre et beau, comme la vie

« Claire, Juliette et Kader ont un peu plus de vingt ans, et la vie les a déjà malmenés. Dans un contexte peu accueillant, ils se sont adoptés et ont fabriqué ensemble une nouvelle famille. L’arrivée de l’indomptable Tisha et les tourments enflammés de monsieur Bréhel vont tout bousculer. De Toulouse à Tunis, pris entre amour et amitié, ils se frôlent et se heurtent, mais tentent à tout prix de préserver leur tendresse et leur solidarité. »

Parmi les séries dont je ne ratais pas un épisode dans mon jeune temps (…) figurait Friends. Parmi mes romans de prédilection, sans grande prétention, on trouve Ensemble c’est tout. C’est ma lecture-bonbon, plusieurs fois relue, le week end, sous la couette. J’aime ses personnages qui n’ont rien en commun mais qui bâtissent une vie ensemble, au gré des rencontres et des difficultés. C’est donc tout naturellement que mon attention fut attirée par Sauf quand on les aime, autre récit mettant en scène des colocataires, un peu plus jeunes cette fois, guère plus de 20 ans, que rejoint parfois leur vieux voisin.

Là s’arrête la comparaison. Car si le roman d’Anna Gavalda, malgré les coups durs, se révèle n’être qu’une sucrerie (et je ne dis pas ceci négativement), celui-ci ne nous épargne pas une certaine violence, malheureusement d’actualité. Et ce d’entrée de jeu. Dans un train, une jeune fille est agressée verbalement. Tous les passagers, ou presque, se tiennent cois, regardant obstinément leurs pieds ou la vitre. Tous, sauf une femme qui, en s’interposant, permet à Tisha de s’échapper et met au passage en lumière l’absence de réaction des autres. Avec Tisha, on pénètre dans l’appartement de Claire, Juliette et Kader, trois jeunes adultes qui ont emménagé ensemble pour être moins seuls et joindre plus facilement les deux bouts, entre contrats précaires et petits boulots mal payés. De l’autre côté du mur, Mr Bréhel, la soixantaine bien sonnée, écoute leurs conversations et tombe plus ou moins amoureux du violoncelle de Claire. Tous composent comme ils le peuvent avec la solitude, avec leurs sentiments, pas toujours réciproques. Mais tous serrent les rangs lorsque le besoin s’en fait sentir.

Sauf quand on les aime est un roman sur l’amitié, l’amour, la culpabilité. Sur la vie que l’on rêve, celle que l’on subit, celle que l’on se choisit. C’est un roman qui donne parfois une grande claque (à laquelle je ne m’attendais pas du tout) et pique où ça peut faire mal, très mal. Mais c’est aussi un récit empreint d’une grande tendresse. De cette tendresse que l’on éprouve pour les autres alors qu’on se la refuse à soi-même. De cette tendresse que, tous, nous devrions nous accorder. C’est un roman qui montre que la vie est précieuse, qu’il faut en savourer chaque instant, et -comme le dit Trisha- remercier pour tout le bien qui nous arrive.
Il y a dans l’écriture de Frédérique Martin à la fois de la douleur, de la hargne, mais aussi de la douceur, de la tendresse, de la délicatesse. Elle donne l’impression, parfois, de nous comprendre, nous, lectrice (lecteur?), d’avoir compris ce qui nous travaille, ce qui nous chamboule, ce qui nous fait peur. D’avoir écrit pour nous, tant elle nous touche. Elle donne vie à des personnages qui ne peuvent qu’être attachants tant ils sonnent vrai et juste. Mention spéciale, pour ma part, pour Juliette. Celle qui intériorise, qui « se juge indigne d’être aimée » et qui pense que « ce qui est beau n’est pas fait pour durer, il faut sans cesse le ressusciter », celle qui voudrait ne pas faire souffrir comme elle a elle-même souffert.

C’est dur, violent, drôle, tendre, et beau comme la vie. Seconde lecture de la rentrée littéraire, ce roman est un coup de cœur, sans aucune hésitation.

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