The Whites
Richard PRICE

traduit de l'anglais par Jacques Martinache
10 X 18
sang d'encre
mars 2016
432 p.  8,80 €
ebook avec DRM 14,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Attention, écrivain rare

« The Whites » n’est que le neuvième roman de Richard Price. Et il s’est fait attendre, comme tous les autres. L’auteur l’a souvent dit : sa carrière littéraire a démarré très fort, très tôt. Il avait 25 ans lorsque « Les Seigneurs » l’ont révélé (1974). Il n’a pas hésité ensuite à se remettre en question, à bifurquer vers le scénario de film pour mieux revenir au livre. Aujourd’hui, à 66 ans, les deux écritures le comblent et l’une, infiniment plus lucrative, lui permet d’exercer l’autre. Signer le scénario du long métrage « Enfant 44 » et des séries télé « NYC 22 » ou « The Night of » (inédites en France) l’a fait vivre le temps de développer ce livre.

Une maturation lente, toujours. En 2009, à la sortie de « Souvenez-vous de moi », il nous détaillait sa méthode : « Je passe du temps dans le quartier sur lequel je veux écrire et je vois ce qui me fait réagir. Je prépare un livre sur Harlem, je n’ai pas d’histoire, j’en suis au début, les premiers contacts, je vois ce qui se passe. D’ici un an, j’aurai une histoire et les gens que je connais déjà y trouveront leur place. » L’histoire est celle de Bill Graves, un policier de terrain affecté à la brigade de nuit du NYPD. Un quadra solide, généreux, à l’écoute, un pilier pour sa petite famille comme pour les trois collègues avec qui il a débuté dans la rue. Un meurtre non expliqué, commis dans la pagaille d’une grande gare, l’intrigue. La victime est un « White » : un de ces criminels que lui et ses amis n’ont jamais pu coincer, et qui est sorti blanc comme neige de l’enquête. Bill va s’intéresser à d’autres « Whites », y compris le sien, et tomber de haut…

Bien que balisé par les patrouilles nocturnes et les descentes musclées, ce roman tient davantage de la chronique urbaine que de la littérature noire. Le monde des commissariats de quartier et des petits voyous, le romancier new-yorkais ne fait que s’y adosser. « Mes livres ont l’air de thrillers mais n’en sont pas. Chacun est une enquête sur la nature humaine », nous confiait-il encore à la sortie de « Samaritan » (2005). Ces flics en uniforme, hommes et femmes, n’ont rien de surhumain et se débattent entre leur vie de famille et un travail qui les ronge, des affaires non résolues, des morts violentes, des parents de victimes anéantis. Il les présente comme des amis auxquels il pardonnerait beaucoup, imparfaits donc touchants. A mesure, que l’enquête prend le pas sur l’humain, le roman se fait moins allègre, plus amer. Puis retombe sur ses pattes en osant une chute ouverte, au mépris des conventions du polar. Séduit, le producteur Scott Rudin ( « Steve Jobs », « The Social Network », « No country for old men », « There will be blood ») prépare une adaptation au cinéma. Coup double pour Richard Price…

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