critique de "Tout ce que je sais de l'amour", dernier livre de Michela Marzano - onlalu
   
 
 
 
 

Tout ce que je sais de l'amour
Michela Marzano

Le Livre de Poche
août 2014
192 p.  6,60 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

L’amour ne suffit jamais

Michela Marzano a 44 ans. Elle a connu des hommes. A été épouse, maîtresse. Pas mère. De son parcours sentimental et amoureux, elle tire les leçons. Sa dernière histoire en date, celle qui dure, l’actuelle, avec l’homme à qui elle dédie le livre, est esquissée avec pudeur entre des intermèdes plus théoriques sur l’amour, basés sur des textes d’autres.

Avec une plume très douce, Michela Marzano interroge des notions sinon qu’on a tendance à oublier, du moins auxquelles la société moderne fait qu’on accorde moins d’importance – l’attachement, le renoncement. Elle partage ce qu’elle a appris, ce qu’elle a compris. Accepter l’inévitable altérité de l’autre, l’envisager comme un cadeau plutôt que comme une contrainte. Admettre l’incapacité à survivre à la perte.

L’amour est la réponse, la quête, mais l’amour ne suffit jamais.

Dans ce beau roman, Michela Marzano livre tout ce qu’elle sait de l’amour et, brossant le portrait de l’amour à l’épreuve de cette vie si rapide que l’on mène au XXIème siècle, où l’on consomme de plus en plus les êtres, où l’on s’investit de moins en moins faute de temps ou de courage, nous invite à réfléchir à sa puissance, à sa magie, à son caractère merveilleux, à sa simple existence même. Et à y croire encore. Ouf.

Retrouvez Sophie Adriansen sur son blog

partagez cette critique
partage par email
 

Apprendre à aimer

Michela Marzano s’était déjà penchée sur son mal-être dans un précédent ouvrage où elle parlait de son anorexie. Ici, il est question d’amour, vase sujet pas si léger que cela.

Chaque intermède débute par la citation d’un auteur qui lui permet de dérouler son texte, de débattre, puis d’aller voir du côté de son nombril et de son cœur. Pourtant, cela n’a jamais été ennuyeux. Quelque fois, j’ai dû relire plusieurs fois les paragraphes pour essayer de comprendre (après une journée de chicoufs et des yeux qui se ferment, c’est autorisé par l’article 10 de mon code personnel). Elle convoque tour à tour Stendhal, Fromm, Lacan, Baumann, Pascal….
Michel Marzano dissèque, disserte, énonce, dénonce, pour en revenir au père, encore et toujours à son père. Cet homme trop autoritaire dont elle attend une reconnaissance qui ne viendra jamais. De vouloir répondre, vainement, à ses attentes, il y a de quoi vous démonter. « Ce que nous avons vécu nous accompagne tout au long de notre vie et souvent –trop souvent, toujours trop souvent malgré les efforts déployés pour briser le cercle vicieux de la répétition– nous détermine. » Nous vivons tous avec ce passé qui nous a formés, bon ou mauvais il faut essayer de l’accepter, gros travail.

En amour, il faut lâcher prise, accepter que l’autre ne soit pas le reflet exact de l’image idéale. C’est ce chemin qu’a parcouru Michela Marzano. Accepter de faire confiance « Mais comment cesser de vouloir tout contrôler ? Comment attendre que quelque chose se passe ? », accepter l’Autre. « L’amour commence toujours après. Quand l’affection succède à la passion. Et que l’on commence à faire confiance. Et que l’on peur « aimer avec l’autre ». Faire confiance, le grand problème de Michela Marzano« On fait confiance, et on court le risque d’être trahi.» Cette peur qu’on la laisse tomber, qu’elle ne soit plus intéressante, aimable. « Mais s’il n’a ôté son masque que pour quelques instants seulement ? Si lui aussi me trompe, m’abandonne, me bannit de sa vie ? »

Et que dire de ce désir d’enfant avec cette phrase souvent répétée : « Si j’avais un enfant, je devrais me lever tôt le matin pour l’emmener à l’école, pas vrai ? ». De temps à autre, on a envie de lui dire, arrêtez de gratter les croûtes ! VIVEZ… et elle nous répond honnêtement «Que se passerait-il si je devais me lever à l’aube tous les jours pour aller à l’usine ou au bureau, avec un directeur des ressources humaines qi ne me lâcherait pas ? Que se passerait-i si je n’avais pas de travail, si je vivais dans la précarité depuis des années… » Oui, vous n’auriez plus le temps de gémir sur vos amours, sur vous, vous seriez obligatoirement dans le présent et dans le concret.

« Cette fois j’ai appris que je ne dois pas demander ce qu’il ne peut pas m’offrir, que je ne peux pas lui donner ce qu’il me demande.. » Est-ce le commencement de l’acceptation de soi et de l’autre ? Je suppose, comme pour nous tous, qu’il y aura des chutes et des rechutes, mais Michela Marzano commence à construire sur du roc et non sur le sable.

Ce livre-thérapie est fait de pensées, de discussions à partir d’une citation, de confessions. Les paragraphes courts fluidifient une lecture quelques fois ardue mais très cohérente et jamais ennuyeuse. J’ai pris plaisir à le lire car très bien écrit. De temps à autre, j’y trouvais mes propres casseroles.

partagez cette critique
partage par email