Victoire la rouge
Georges de Peyrebrune

Talents hauts
Les plumées
février 2020
236 p.  7,90 €
ebook avec DRM 5,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Les misérables

« Grosse lourde, fille de rien, fleur de fumier », ces mots en quatrième de couverture (rouge) auraient pu être ceux d’un roman sur la grossophobie. Que nenni. Il est l’œuvre, à redécouvrir, d’une auteure décédée il y a plus d’un siècle. « Retrouver, rééditer, réhabiliter les œuvres du matrimoine », tel est l’engagement de cette collection « Les Plumées » portée par Talents Hauts et Laurence Faron, directrice de la maison d’édition dont la mission, depuis  2005, est « Les livres qui bousculent les idées reçues ».

L’histoire de Victoire, l’héroïne éponyme de ce texte, est de celle que nos aïeules adoraient lire. Une orpheline, rudoyée par la vie, violée, emprisonnée pour avoir tué l’un de ses enfants en bas-âge et dont la vie, rustique, connaît peu de répits. Abandons, violences, malheurs et infortunes diverses jalonnent son chemin.

Des romanciers plus contemporains, tel Franck Bouysse ou Cécile Coulon auraient pu s’inspirer de sa prose (« elle respirait à large souffle d’air rempli des fortes odeurs de sève, de verdure âpre, d’écorce fendue et résineuse, d’herbes écrasées où il y avait le serpolet en fleur, enfin de la terre échauffée par la tombée ardente du soleil »). Il y a du plaisir à se laisser bercer par la rondeur de cette langue, à retrouver le goût du verbe clabauder, même s’il y a peu de de doutes quant à une issue heureuse. Que l’on guette pourtant. « Les six mois de bonheur qu’elle venait de passer lui avaient donné des besoins et comme une sensibilité qui rendait aujourd’hui sa souffrance plus aiguë et moins supportable. » Publié en 1884, il est, dans ce roman, des échos qui résonnent. Comme celui des violences faites aux femmes.

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