Virtuoso ostinato
Philippe Carrese

Nouvelles éditions de l'Aube
avril 2014
448 p.  11 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

La malédiction d’un virtuose obstiné

Au commencement, il y a une photographie jaunie et racornie par le temps, celle d’un groupe célébrant la fin d’un mariage dans un petit village d’Italie, en Lombardie. Et c’est l’histoire de ces visages joyeux, fiers, arrogants, amoureux que Philippe Carrese nous raconte dans  « Virtuoso Ostinato » . Nous voilà à l’aube de la première guerre mondiale, dans le petit village reculé de San Catello où tout le monde se connaît, même si les secrets de chacun sont (malheureusement) trop bien gardés… Trois frères, Lucio, Toma et Marzio sont victimes de la folie de leur père Volturno Belonore, qui décide de creuser une mine dans son champ, croyant sur parole un ingénieur lui ayant promis gloire et richesse grâce au minerai qui, soi-disant, gît sous son terrain. Les trois fils et leur père se lancent dans une construction qui les détruira tous, d’une manière ou d’une autre… De retour dans son pays natal vingt années plus tard, caché derrière le rideau de scène de la Scala à Milan, le virtuose Marzio se souvient des épreuves que ses frères,  Ofelia -l’amour de sa vie- et lui ont dû surmonter. Difficile de ne pas penser au célèbre roman « Jean de Florette »  de Marcel Pagnol. La trame en est différente, bien sûr, mais la malédiction qui s’abat sur les Belonore et scelle leur destin est tout aussi tragique et émouvante que celle de la famille du bossu Jean Cadoret… Philippe Carrese réussit à susciter à la fois impatience, compassion et mélancolie chez le lecteur. Les expressions italiennes donnent de surcroît au récit un certain exotisme… Il s’agit là d’un libre bellissimo.

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