A peine libéré
George Pelecanos

Calmann-Levy
mars 2020
360 p.  19,90 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

A qui se fier?

George Pelecanos s’était fait rare dans les librairies. Le romancier de Washington s’était replongé dans l’écriture d’une nouvelle série pour HBO, « The Deuce », associé au producteur David Simon, son complice de « The Wire » et « Treme ». Sept ans après son dernier livre, il émerge de sa vie parallèle de scénariste avec un texte court, resserré, fouillant au cœur de ses thèmes de prédilection. Le déterminisme social, la quête d’une existence décente, les racines de la délinquance urbaine, la ghettoïsation… Dans ce livre, celui qui est « A peine libéré » est un jeune Noir condamné pour avoir servi de chauffeur à un braqueur armé. Pas un tueur, ni un violent, juste un homme en équilibre instable. En prison, il est tombé amoureux des livres. Et un peu de la bibliothécaire aussi. Une fois sorti, il avance sur le fil du rasoir. Un petit boulot, un petit salaire et trois personnes pour repères. Sa mère qui a toujours cru en lui, aimante, attentive, lucide. La jeune femme qui l’a initié à la lecture, attirante, mariée, accessible sans l’être. Et le détective qui l’a fait libérer, cynique et manipulateur, prêt à jouer avec les règles. Trois pôles qui chacun l’aimantent et le repoussent, trois influences qui se neutralisent. A qui se fier dans ce moment de flou, où il cherche quelle vie va vouloir de lui ? Entre balade douce-amère et pur polar, entre questionnement du héros et coups tordus du détective redresseur de torts, George Pelecanos rythme son récit du flot de précisions qui est sa marque habituelle. Ces noms de rues, de quartiers, de voitures, de musiciens, de sportifs qui apportent une touche documentaire à chacune de ses fictions. Avec ici un souffle d’inspiration supplémentaire, une hauteur de vue, qui font de ce roman un de ses tout meilleurs. Sinon le meilleur.

 

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