critique de "Ce que savait la nuit", dernier livre de Arnaldur Indridason - onlalu
   
 
 
 
 

Ce que savait la nuit
Arnaldur Indridason

Metailie
bb nordique
février 2019
288 p.  21 €
ebook avec DRM 5,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

cold case à l’islandaise

« Voilà bien un crime islandais… bâclé et inutile ».
Un groupe de touristes allemands se fait une petite excursion sur le glacier Langjökull et découvre un cadavre dont la tête émerge des glaces. Il s’agit de celui de Sigurvin disparu une trentaine d’années auparavant. Konrad, qui a enquêté dans le dernier tome de la trilogie des ombres, est sollicité par le suspect numéro un et associé du trucidé qui clame, sur son lit d’agonie, encore et toujours son innocence. Déjà, à l’époque, Konrad n’était pas certain de sa culpabilité « contrairement à mes collègues. Mais de lourds soupçons pesaient sur lui. »
Maintenant Konrad est à la retraite, son épouse décédée d’un cancer, le voici seul à promener solitude et douleurs. Il tente d’ouvrir, pour lui, le dossier de la mort de son père, alcoolique, violent, malfrat et plus. C’est alors qu’une femme vient le trouver un soir chez lui et lui raconte le décès de son frère, renversé par un chauffard après une soirée bien arrosée, il y a également une trentaine d’années. Il reprend, à son compte, les deux enquêtes. Bien sûr, il ne le fera pas au nez et à la barbe de ses anciens collègues, surtout de Marta, chef de la Criminelle de Reykjavík.
Pour cette enquête, il retourne dans son ancien quartier des ombres où il aurait pu mal finir, retrouve un ancien copain. Il se souvient d’avoir été un enfant joyeux, même si une petite infirmité, un bras plus court, mais si peu, l’a poussé à une violence qui l’a sauvée. Konrad est né la veille de l’indépendance de l’ Islande, alors sujet de sa majesté le roi du Danemark. Je fais également connaissance avec Elisabeth, sa sœur, élevée par la mère, alors que lui, est resté avec son père qui voulait en faire un homme, un vrai. Petits apartés délivrés par l’auteur.
Revenons à l’enquête. Konrad s’entête à vouloir mêler les deux affaires, malgré l’aversion de plus en plus croissantes de son ancien collègue. Se sent-il visé ? Konrad met tout son coeur à résoudre l’énigme. Cold case dans un pays froid !
Ce que j’aime dans l’univers d’Indridason, c’est l’ambiance de ses livres, la peinture sociale réaliste qui entoure les enquêtes de ses commissaires, son plaisir à sortir les vieux dossiers de disparitions non résolus, la description de l’Islande d’après guerre. L’enquête prend son temps pour dévoiler des personnages complexes, humains, cherchant une ou leur voie, bref des gens normaux. Il y a une impression d’intimité, comme un regard posé sur mon propre regard.
Cher Konrad, fumez tranquillement votre cigare, je pense que vous ne vous êtes pas totalement dévoilé à nous, alors, je vous attends patiemment.
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« Mais ce qui lui paraissait le plus étrange, c’était qu’il était à la retraite sans avoir l’impression d’être vieux. »

« C’étaient peut-être là des sentiments normaux quand on prenait de l’âge. Konrad appartenait à la toute dernière génération d’Islandais nés sous domination danoise. Le lendemain de sa naissance, l’Islande était devenue une république indépendante sous une pluie battante au parlement en plein air de Thingvellir. Pendant quelques instants, des instants si brefs qu’ils comptaient à peine, il avait été sujet du roi du Danemark. Ça l’avait toujours agacé quand son père le taquinait avec ça, mais au fil des ans il avait nourri une certaine tendresse pour ce lien qui l’unissait au Danemark, même s’il était dérisoire. »
Voici donc la toute première enquête d’un nouveau héros, Konrad. Aussi grande que puisse être notre bonne volonté (et elle est immense, pour ce qui concerne Arnaldur Indridason), il est difficile de réellement donner une chance à un autre qu’Erlendur. Konrad a beaucoup de choses pour lui, dont une filiation certaine avec son prédécesseur, dans ce désenchantement qui flirte avec le bord du précipice, il est de ces hommes vacillants très attachants. Mais il n’est pas Erlendur, et sa petite magie est absente. Bien sûr, on sent un grand potentiel de complications avec ce personnage pas aussi droit que ça, évidemment il y a toujours la simplicité rugueuse de la prose islandaise si bien mise en valeur par l’excellence de la traduction et l’enquête en elle-même est intéressante, mais les mille et une petites choses qui me faisaient chavirer pour Erlendur ne sont pas là, et m’ont manqué.

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