Fausse piste
James Crumley

traduit de l'anglais par Jacques Mailhol
Editions Gallmeister
noire
avril 2016
398 p.  23,50 €
ebook avec DRM 16,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Suivez cette (fausse) piste

Un privé qui picole comme on respire, aimante les filles à problèmes, agace les types qu’il ne faut pas et s’immerge dans une cause qu’il sait désespérée : énième remake d’un scénario usé jusqu’à la corde, en littérature comme au cinéma ? Au contraire : oeuvre de référence, matrice, balise dans l’univers du roman noir. James Crumley a 36 ans lorsqu’il fait ses gammes avec « Fausse Piste ». Des générations d’auteurs bien moins doués lui envieront ce personnage de loser magnifique, cette atmosphère viciée, cette intrigue où rien ne peut bien finir… Rééditer James Crumley aujourd’hui, le redécouvrir dans une nouvelle traduction : riche idée…

Dix romans seulement en trente ans : à sa mort, le 17 septembre 2008, à l’âge de 68 ans, ce cousin en écriture de Jim Harrison et de James Lee Burke a laissé un grand vide et une frustration pire encore. Comme ces autres grands noms de l’école dite « du Montana », il avait le « hard-boiled » généreux, ne reculait devant aucun excès, poussait au plus loin ses curseurs éthyliques et poétiques. Rien de moins formaté que cette forme de polar où les fondamentaux posés par les pionniers Ross McDonald et Raymond Chandler baigneraient dans le whisky et la tension sexuelle.

Dans « Fausse piste » comme dans les trois autres enquêtes du détective Milo Milodragovitch et dans les quatre du détective C.W. Sughrue, Crumley va s’embarquer dans une image tirée par les cheveux pour, la page d’après, nous éblouir d’une tirade fulgurante. Comme cet accablant souvenir d’enfance que l’alcool ramène à Milo, où son père le met en garde contre l’homme qui boit mais refuse de s’enivrer par « peur de lui-même »… On lui pardonne ses quelques tics et ses moments d’emphase, simples contreparties de ses intrigues déroutantes et de ses portraits flamboyants.

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