La Disparue d'Angel Court
Anne Perry

traduit de l'anglais par Florence Bertrand
10 X 18
detectives
mars 2015
351 p.  14,90 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Meurtre chez Victoria

1898, l’Angleterre est dirigée par une Victoria vieillissante et l’ombre de Jack l’Eventreur continue à planer sur Londres. Sofia Delacruz est annoncée dans la capitale anglaise pour une série de conférences. Anglaise devenue Espagnole par son mariage, cette femme vient prêcher la bonne parole. Enfin, une sorte de bonne parole. Elle a fondé une secte. Sa venue fait scandale. Pour certains, Madame Delacruz représente le diable et ses propos tiennent du blasphème.

C’est à la Special Branch, en charge de la sécurité du Royaume et que dirige désormais Thomas Pitt qu’il appartient de la protéger. Le service est inquiet car les menaces dont la conférencière est l’objet, Pitt et ses acolytes les prennent au sérieux d’autant plus que l’Europe est fragilisée par des mouvements anarchistes et que la religion « éveille plus de passion que n’importe quel sujet ».

La première réunion se déroule dans un climat houleux. Le lendemain, Sofia Delacruz et deux de ses adeptes disparaissent. Ont-elles été enlevées ? Sont-elles parties volontairement mais alors pour quelles raisons?
Ce n’est que lorsque les cadavres des deux accompagnatrices sont découverts, poignardés et éviscérés que Pitt réalise que Sofia est en danger de mort et que des puissances redoutables sont à l’œuvre.

Alors que l’enquête démarre sur les chapeaux de roues, une part du passé de Madame Delacruz refait surface et ce passé est sombre.

Fanatisme religieux, intolérance, violence, ces thèmes abordés dans « La disparue d’Angel Court » sonnent étonnament actuels. Pourtant, Anne Perry plante son intrigue au cœur de l’Angleterre victorienne. Mais la similitude entre l’instabilité de cette époque et la nôtre avec en filigrane l’intransigeance religieuse qui peut conduire au meurtre s’impose. De tous temps, les pires crimes ont été commis au nom de Dieu.

Le 19e siècle, l’auteur le connaît sur le bout des doigts. Les groupements anarchistes qui fleurissaient alors et assassinaient les représentants du pouvoir- le président Sadi Carnot en 1894, Elizabeth d’Autriche en 1898- l’affaire Dreyfus qui déchirait la France et dont nul ne savait si son règlement n’entraînerait pas la chute du gouvernement, les prémices de l’émancipation des femmes en Angleterre, elle les évoque avec une facilité déconcertante.

Pour cette 30e enquête de Charlotte et Thomas Pitt, Anne Perry nous plonge pour notre plus grand bonheur dans un véritable bain de culture et d’Histoire.

Lire l’entretien de Christine Oddo avec Anne Perry

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