La fille de femme-araignée
Anne Hillerman

traduit de l'anglais par Pierre Bondil
Rivages
mai 2014
365 p.  21,50 €
ebook avec DRM 7,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Tel père, telle fille

En 1970, inspiré par l’écrivain australien Arthur Upfield, un certain Tony Hillerman publie aux USA « La Voie de l’ennemi ». Avec comme héros un enquêteur navajo nommé Joé Leaphorn. Encore inconscient, ce nouvel auteur qui, après la guerre, s’était lancé dans le journalisme sans voir où cela le mènerait, eh bien ce précurseur venait de « créer  avec ce premier roman le polar ethnologique, une forme et une formule qui le conduiront au succès jusqu’à sa mort en 2008 à l’âge de 83 ans. Avec des histoires  le plus souvent puisées dans les traditions ou le folklore des peuples navajos et hopis dans le sud-ouest des Etats Unis, non loin du Mexique. Des histoires qui parfois semblent se ressembler, même si elles sont dissemblables, mais qui  en même temps sauvent de l’oubli la tradition orale et les coutumes menacées de certains peuples minoritaires de l’Amérique, tout en tenant le lecteur en haleine, grâce à des intrigues criminelles bien ficelées et originales.

La disparation de Tony Hillerman aurait pu amener celle de ses héros policiers tribaux comme Joé Leaphorn ou de son jeune collègue Jim Chee, c’est-à-dire entériner la fin d’une saga à nulle autre pareille dans le paysage littéraire moderne. Cela aurait été compté sans la famille. Plus de cinq ans après la mort de Tony Hillerman, une nouvelle aventure avec Joé Leaphorn et Jim Chee arrive sur le marché, en tous points semblable aux épisodes précédents. Ce nouvel opuscule, qui s’intitule « La Fille de femme-araignée », est si consanguin aux précédents, qu’il semble sorti du même moule, sinon d’un cerveau analogue. Dame, il a été écrit par Anne Hillerman, la fille de Tony, qui, comme son père, a été journaliste. Longtemps, cette fille à papa a collaboré avec son père et assimilé dans sa chair tous les secrets de la saga. Dans son roman, cela se sent. Le mimétisme est parfait. Etonnant. Vraiment filial.

Ici tout commence par une tentative de meurtre dont est victime Joé Leaphorn, le personnage principal de cette originale aventure littéraire. Bernadette Manuelito, épouse de Jim Chee, elle aussi policière, assiste par hasard au forfait, sans pouvoir intervenir. Qui est cette sorte de fantôme qui a tiré sur le policier retraité, le réduisant pour longtemps au rang de légume et pour quelle obscure raison ? L’enquête autour de poteries rares et précieuses et dans les musées du Nouveau-Mexique conduira  bientôt le FBI et les deux policiers navajos en piste sur une surprenante montagne et les confrontera aux dérèglements de la convoitise et du pouvoir. Comme son père, Anne Hillerman ne cesse de donner une épaisseur à ce nouvel épisode de la saga policière navajo et une sorte de  véracité prenante à travers de nombreux personnages et d’incroyables paysages. Il paraît plausible de penser, vu la réussite de son premier essai en solo, que la fille de Tony Hillerman n’a pas dit son dernier mot. La femme-araignée devrait encore tisser de sombres drames dans la hutte des Navajos…

partagez cette critique
partage par email