La Main de Dieu
Philip Kerr

Le Masque
grande diff.
novembre 2016
448 p.  20 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

On vit le match !

Dans une communauté d’hommes jeunes, riches et en bonne santé, voire beaux et célèbres pour certains, la vie au quotidien ne peut que générer tensions, jalousies et complots. Soit une matière à roman idéale. Histoire sans doute de se défouler entre deux enquêtes historico-policières de son héros récurrent Bernie Gunther, le romancier écossais Philip Kerr a choisi les coulisses du football professionnel comme décor d’une nouvelle série. Une terre à psychodrames masculins aussi riche que celles de la télé-réalité ou du hip hop, mais avec des atouts autrement croustillants pour un écrivain. Tels que baigner dans les millions déversés par les télévisions, les sponsors et les richissimes propriétaires des clubs. Ou présenter une concentration de testostérone garantissant de savoureux écarts de conduite.

Un but mortel

Voici donc, après « Le Mercato d’Hiver », la nouvelle aventure de Scott Manson, ancien joueur du championnat d’Angleterre devenu entraîneur d’un club londonien huppé, un homme qu’un séjour en prison a achevé d’endurcir sans lui ôter le goût du luxe. Son équipe dispute à Athènes une rencontre de Ligue des champions. En plein match, au moment où l’attaquant-star des Londoniens célèbre le but qu’il vient de marquer, il s’effondre raide mort. Intrigués, les policiers grecs assignent les visiteurs à résidence, le temps d’avancer dans leur enquête. Rongé par l’impatience et la curiosité, Manson va tirer quelques sonnettes et graisser quelques pattes pour élucider le décès de ce joueur russe plus éclairé que la moyenne.

Philip Kerr à contre-emploi

Traitée sur un ton de comédie, cette « Main de Dieu » se veut un pur divertissement, relevé d’une pointe de satire, proche parfois de la caricature. En pleine crise de la dette grecque, l’auteur souligne notamment à gros traits l’arrogance des Britanniques face au dénuement des Athéniens. Et puis il y a le langage. Il faut se convaincre qu’il s’agit bien de ce même romancier érudit, incollable sur la Deuxième guerre mondiale, tant la brutalité et la vulgarité des protagonistes semblent naturelles. Philip Kerr s’amuse à mettre des chapelets de préjugés dans la bouche des joueurs, et il est très convaincant. Il l’est juste un peu moins lorsque la mythologie grecque fait irruption dans le vestiaire pour nourrir un discours de motivation d’avant-match. On ne se refait pas. Il reste que ce polar ultra-léger se consomme comme un match du dimanche soir, bien calé au fond d’un sofa.

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